Bonjour à tous et merci de vous joindre à nous pour votre capsule sur
les perspectives immobilières du mercredi 25 septembre 2024.
Aujourd'hui, je suis accompagné de Matthieu Arseneau, salut Matthieu.
Salut Simon.
Ainsi que de ma collègue Véronique Corriveau. Bienvenue Véronique.
Notre sujet du jour, l'immobilier et la planification successorale.
Mais avant d'en parler avec Véronique tantôt, discutons tout d'abord
avec Matthieu des récentes données macroéconomiques qui influencent le
marché immobilier. Matthieu, alors qu'on a vu la banque du Canada
baisser graduellement son taux directeur au cours de l'été en
annonçant des baisses successives de 25 points de base. La Réserve
fédérale a, je crois, surpris les économistes. En annonçant une baisse
de pas moins de 50 points de base lors de sa première annonce en
septembre. À quel rythme de baisse peut-on s'attendre du côté de la
Banque du Canada maintenant que la Fed embarqué dans la danse?
Simon, c'était effectivement une surprise pour les économistes qui
s'attendaient à un 25 points de base, en commençant donc ce que la
Banque du Canada a fait là à 3 reprises depuis juin. Donc on se
retrouve vraiment à avec les 2 banques centrales qui ont emboîté le
pas, qui baissent les taux d'intérêt. Mais comme on peut le voir sur
le graphique, des taux d'intérêt qui demeurent élevés là sur une base
historique, mais clairement la direction est vers des taux plus bas.
On voit des signes de faiblesse au niveau du— on commence à voir au
niveau du marché du travail américain, au Canada c'est encore plus
clair, on en parlera un peu plus tard, mais clairement ça ouvre la
porte à donner de la marge de manœuvre à la Banque du Canada et étant
donné que si la Réserve fédérale va dans cette direction-là en termes
de baisse de taux d'intérêt, ça a moins d'impact sur le dollar
canadien. Donc ça donne une marge de manœuvre à la Banque du Canada de
pouvoir aller de l'avant avec d'autres baisses de taux d'intérêt et
peut-être même des baisses de taux plus prononcé ce que moi j'espère.
Euh. On a eu des grandes nouvelles et une grosse étape qui a été
franchie avec les données de l'inflation du mois d'août. On voit que
sur le graphique la barre bleue en fait l'inflation totale. Enfin 2%
d'inflation annuelle, ce que ce qui est le point médian de la cible de
la Banque du Canada. Donc clairement l'inflation est maîtrisée au
Canada à nos yeux. Puis en plus on en a parlé lors des précédentes
capsules, mais évidemment quand on exclut les coûts d'intérêt
hypothécaires, dont la hausse, la responsabilité c'est la Banque
centrale qui l'a causé. Si on exclut cette composante là en fait on
est seulement à 1.2% d'inflation année sur année, c'est très faible
sur une base historique. Donc pour nous c'est évident même que la
Banque du Canada doit peut-être même accélérer le pas, peut-être y
aller avec des 50 points de base pour ramener les taux à neutralité,
ce qu'on appelle les économistes, être autour de 2.5%, 3% peut-être le
plus rapidement possible dans un contexte où, oui, l'inflation est maîtrisée.
Mais Matthieu corrige, moi tu sais, la maîtrise de l'inflation ça ne
s’est pas fait sans coût économique hein. Comme on peut voir le taux
de chômage qui est en croissance. Comment évalues-tu la santé
économique du marché du travail présentement?
Mais quand on regarde là, depuis qu'on s'est parlé, les tendances
qui avaient commencé d'une augmentation du taux de chômage se sont
poursuivis au courant de l'été. Donc le taux de chômage qui a continué
de monter et frappe disproportionnellement les individus qui tentent
d'entrer sur le marché du travail pour une première fois, dont les
jeunes, les nouveaux arrivants et on le voit, la hausse pour ce qui
est de ces 2 segments de population là est très, très prononcé. En
fait, c'est la même amplitude, essentiellement la même amplitude qu'on
a connu lors de la crise financière de 2008, 2009 en termes
d'augmentation du taux de chômage pour ces segments-là. Donc oui, il y
a des licenciements un peu, mais c'est vraiment plus les cohortes qui
tentent d'entrer sur le marché du travail qui entraînent cette hausse
du taux de chômage. Et ce qui est préoccupant dans le contexte actuel,
c'est quand on regarde les taux d'emplois vacants, donc les affichages
de poste des entreprises. Dans les secteurs qui absorbent
habituellement les immigrants ou qui absorbent les plus jeunes, le
taux d'emploi vacant a drastiquement baissé et est même à son plus bas
niveau depuis pratiquement 2016, 2017. Là donc, dans un contexte comme
celui-là, on a des craintes que les taux d'intérêt sont en trop
restrictifs que le taux de chômage pourrait continuer de monter au
cours des prochains mois. Juste pour vous donner une idée, sur une
base historique. On le sait, les taux sont à 4. 25%, le taux de
chômage est à 6.6%. Si on exclut la pandémie, la dernière fois que les
taux étaient à 6.6%, à l'époque les taux d'intérêt étaient à 0.5%. Je
ne dis pas qu'il faut aller là rapidement. Il y a des enjeux, on veut
s'assurer que l'inflation reste maîtrisée, mais quand même ramener les
taux à 2.5%, 3% c'est pour nous une priorité qui devrait— une
orientation que devrait prendre la Banque du Canada pour pas qu'il y
ait des dommages trop grands sur le marché du travail.
Je comprends bien. Comment comment tu perçois Matthieu, les
dernières annonces du gouvernement, là qui concerne le relèvement du
plafond des hypothèques assurées de 1 $M à 1.5 $M ainsi que la
possibilité offerte aux premiers acheteurs d'amortir leurs prêts 30
ans versus 25 ans avant. As-tu l'impression que c'est une bonne
solution pour remédier au problème d'abordabilité.
On sait là, l'abordabilité, on en a parlé dans les capsules
précédentes. C'est le gros défi, l'enjeu principal du marché de
l'immobilier et un gros défi pour les prochaines années. Pour ce qui
de la première mesure, faut savoir, je pense avoir un effet limité, il
n’y a pas beaucoup de transactions tout près du 1 $M donc de le
relever de 1 $M à 1.5 $M n’aura pas des impacts si importants que ça
sur le marché. Par contre l'augmentation de l'amortissement de 25 à 30
ans, là ça peut changer la donne. On a fait quelques petits calculs
qu'on vous montre, là on le montre par province, vous pourrez
consulter les données mais juste globalement on parle d'une
augmentation en fait d'une baisse— pour un même montant pour une même
maison. En fait le paiement hypothécaire peut baisser de d'environ 9%
en allongeant la période d'amortissement pour le même paiement dans le
fond on peut s'acheter une maison 10% plus cher en augmentant
l'amortissement. Donc ça donne une idée de l'impact, c'est quand même
c'est quand même significatif. Donc on verra quelle sera la popularité
de ces mesures-là. Mais clairement pour ce qui est de l'abordabilité,
il y a des questionnements à voir. D'augmenter de payer la maison plus
longtemps pendant une plus longue période, est-ce que c'est vraiment
plus abordable? Et si ça devient populaire, cette mesure, cette option
là, mais peut-être que les prix de l'immobilier vont s'ajuster, puis
dans le fond vont contrebalancer l'intention initiale, ce qui ne
réglerait pas le problème à long terme d'abordabilité.
Rien n'est simple Matthieu. Merci beaucoup pour tes commentaires
toujours aussi pertinents. Aujourd'hui, on vous l'avait annoncé, on va
se pencher sur le sujet, souvent négligé mais essentiel, l'immobilier
et la planification successorale. Beaucoup d'entre nous souvent
remettent ça plus tard ces décisions là parce qu'ils pensent que bon
soit, c'est trop complexe, c'est inutile. Notre invitée d'aujourd'hui Véronique.
Salut, merci d'être là Véronique.
Merci de me recevoir.
Une notaire de la grande expérience dois-je dire? Elle a pour nous
éclairer sur les éléments de base et nous aider à faire les premiers
pas vers une planification réfléchie et surtout comprendre le
processus qui peut effectivement sembler intimidant. Donc, Véronique,
pour débuter, pourrais-tu nous expliquer pourquoi il est si important
d'avoir un testament, surtout quand il s'agit de biens immobiliers?
En soi ce qui est important d'avoir un testament c'est de pas
laisser nos volontés au hasard. En tout premier lieu, si je donne
comme exemple, je suis conjoint de fait avec quelqu'un, puis je n’ai
pas fait de testament, mais j'ai un immeuble avec ce conjoint-là, puis
je décède sans testament. Mais ce n’est pas nécessairement mon
conjoint qui va être avantagé donc il peut se retrouver copropriétaire
d'un immeuble avec mes héritiers légaux. Ce n’est pas tout le temps ça
qu'on souhaite. Puis dans le fond, d'avoir un testament, ce que ça
permet, c'est de choisir soi-même qui va hériter de nos biens, puis
aussi de choisir la personne qui va s'occuper de nos biens, qui va
être le liquidateur, qui va administrer la succession pour s'assurer
que tout se passe dans les règles de l'art.
Donc, comme tu le mentionnes Véronique, l'un des aspects clés de la
planification successorale, c'est vraiment le transfert de la
propriété après le décès d'une personne. Pourrais-tu nous expliquer à
haut niveau le processus de transfert de propriété immobilière d'une
personne décédée vers justement ses héritiers.
Mais dans le fond, qu'on hérite de notre immeuble par legs
particulier ou par legs résiduaire c'est sûr qu'il faut qu'il y ait
une transmission qui se fasse. Puis c'est le liquidateur de la
succession qui va être en charge de ça. Dans notre jargon juridique,
nous on appelle ça la « déclaration de transmission ». Donc c'est un
acte qui va faire la passation des titres de la succession aux
héritiers, puis c'est ça qui va officialiser le tout. Souvent, c'est
un mythe qu'on a à déconstruire un petit peu au niveau du transfert
d'immeuble, que ça se fait directement par le testament, mais non,
faut vraiment faire un axe supplémentaire pour officialiser ce
transfert de propriété-là.
Intéressant. En fait, c'est quoi les considérations spécifiques que
les héritiers doivent être conscients quand ils héritent d'un bien
immobilier? Il y a-t-il par exemple des défis ou des pièges à éviter?
Il y en a plusieurs. Je peux donner quelques exemples. Si on parle
de d'hériter d'un bien en copropriété souvent on va se poser la
question, ces gens-là qui vont hériter de cet immeuble-là, comment
qu'ils vont administrer l'immeuble? Comment qu'ils vont s'entendre? Ça
peut amener des fois des dynamiques familiales un petit peu délicates,
je dirais. Ou sinon si on pense à un legs d'un immeuble à un enfant
mineur, s'il y a des mécanismes de protection ou non qui ont été mis
pour cet enfant là ça peut complexifier l'administration des biens du
mineur. Puis un aspect qu’il ne faut vraiment pas négliger, c'est
l'aspect fiscal. Hériter d'un immeuble des fois peut nous donner une
situation de manque de liquidités. Ce qui fait en sorte que on a de la
difficulté à payer notre impôt par la suite ou les taxes qui découlent
de ce transfert d'immeuble-là, donc ce n’est pas à négliger.
Ce n’est pas si simple. Merci beaucoup à Véronique d'avoir partagé
ton expertise avec nous aujourd'hui. Comme on peut le voir, la
planification successorale, en particulier lorsqu'elle implique des
biens immobiliers, ça peut sembler complexe, puis c'est complexe en
fait, mais comme tu le dis aujourd'hui, faut prendre le temps de
planifier à l'avance je pense. C'est ça la recette du succès. Puis ça
va enlever de la pression sur les personnes justement qui nous, qui
nous sont chères. On espère aujourd'hui tout le monde que la
conversation a contribué à clarifier un peu le processus de
planification successorale, le transfert de de propriété. Comme je le
disais, bien que ça peut sembler des fois intimidant, ces étapes
peuvent apporter une importante tranquillité d'esprit quand ils sont
bien planifiés. Donc je vous encourage grandement à en discuter avec
vos conseillers et conseillères. Donc j'espère que les informations
partagées par ma collègue Véronique et Matthieu tantôt, merci encore,
vous ont été utiles. Et quant à moi je vous remercie d'avoir été là et
je vous enjoins de nous rejoindre dans quelques semaines pour une
prochaine capsule sur les perspectives immobilières. Merci beaucoup.