Afin de vous éclairer et de stimuler votre réflexion face au contexte actuel, Stéfane Marion et Denis Girouard se penchent sur l’actualité économique et vous partagent leurs perspectives via nos vidéos informatives mensuelles.
Bonjour tout le monde, bienvenue à Impact économique. Aujourd'hui nous sommes le 11 mars 2025, je suis en compagnie de notre chef économiste Stéfane Marion. Bonjour Stéfane, beaucoup d'eau ont coulé sous les ponts depuis notre dernière rencontre.
Mon Dieu Denis, ça va vite quand même. Les fondements mêmes, les fondamentaux par rapport à l'économie américaine puis mondiale aussi semble s'effriter. Pour la première fois en 2 ans même, on pourrait assister à une contraction de l'économie des services qui Denis représente en général les 2/3 de l'économie américaine donc— c'est pas, on est en train de prouver qu'il est faux que la menace d'une guerre tarifaire n'a aucun impact sur l'économie via même l'incertitude.
Puis en même temps le marché obligataire nous envoie aussi un message présentement là.
Oui donc c'est pas juste certains sondages à l'effet que l'économie se détériore, le marché obligataire en a pris note. Puis la courbe des taux d'intérêt est en qui s'était pentifiée est en train de s'aplanir donc, historiquement, c'est un présage d'une économie qui a beaucoup moins de vitalité au cours des prochains mois.
Ou un ralentissement possible, accéléré, à venir.
L'amplitude de la détérioration sera à voir au cours des prochains mois mais clairement c'est pas une accélération donc ça pourrait miner même les perspectives de profit des entreprises.
Même à la suite de cette tendance là sur le marché, sur le marché obligataire on voit aussi que le marché boursier on a commencé à voir des signaux entre l'Europe puis l'Amérique du Nord qui sont vraiment contradictoires aux différents.
Ben en général, les marchés boursiers vont pas bien depuis le début de l'année Denis, donc même de ce mois-ci qui est pas terminé, là c'est déjà 4.2% à année à date les marchés boursiers sont en baisse, mais on remarque que les États-Unis sont les plus frappés alors qu'en Europe puis même au Canada depuis l'année à date, ça demeure, surtout en Europe ça demeure positif. Donc, il y a une certaine rotation sectorielle qui est en train de s'effectuer. Mais par rapport aux États-Unis, on est en train de remettre en doute justement cette accélération de l'économie américaine en 2025.
Mais en même temps, quand on regarde le secteur extérieur américain, les exportations, c'est intéressant de s'y attarder un petit peu puis de voir l'importance de ce fameux secteur-là.
Oui, parce que les États-Unis, bien que les gens, il y a beaucoup d'économistes, puis dont les gens qui conseillent le président américain qui ont dit c'est pas grave une guerre tarifaire parce que les exportations c'est seulement 11% du PIB américain, au Canada c'est plus de 20%. Mais là où les gens ont fait fausse route, c'est que bien qu’il y a une certaine résilience pour l'économie, je peux pas affirmer la même chose pour le marché boursier américain, Denis, qui le S&P 500 qui est composé de multinationales qui génère 41% de leurs ventes, donc une grosse partie des profits à l'étranger. C'est là où que ça a été en train de rattraper l'économie américaine puis la raison pour laquelle le marché boursier américain est plus frappé que les autres, c'est ça, c'est une barre très importante des revenus et des profits. Puis on en a parlé souvent Denis, le marché boursier américain c'était la perfection attendue encore cette année-là.
Puis en même temps ce qu'on sait c'est que ces exportations-là, c'est pas tellement dans le secteur industriel où manufacturier, c'est vraiment dans un autre secteur que tout le monde connaît–
Un secteur qui a été tellement porteur pour l'économie américaine, on parle des 7 compagnies les 7 magnifiques aux États-Unis, compagnies de la haute technologie qui eux génèrent 56% de leur ventes à l'étranger. Donc Denis, dans ce contexte-là, est-ce que tu t'étonnes si je te dis que le marché boursier américain est en baisse de 9% depuis son récent sommet, mais au niveau du Nasdaq, donc la haute technologie, c'est près de 14%? Qui plus est, Denis, là ou peut-être c'est un réveil pour les compagnies américaines. Le secteur bancaire est en baisse de plus de 16%. Pourquoi Denis? C'est parce que 92% des flux commerciaux internationaux sont générés en dollars américains et si tu remets en question ta chaîne d'approvisionnement, ça devient soudainement moins profitable pour le secteur bancaire américain. Je pense que Washington devra digérer au niveau du président et ses conseillers devront digérer l'impact véritable d'une guerre commerciale pour les prochaines semaines.
En parlant du dollar américain, du billet vert, lui aussi en prend pour son rhume là.
Ben Denis, t'as mis l'emphase tout à l'heure, pourquoi la bourse européenne semble— c'est peut-être contradictoire de dire que la bourse européenne fait bien présentement, t'as un changement des répartitions des investissements, répartition des actifs au niveau géographique, l'allocation est en train de dire peut-être que dans un contexte, j'ai pas de conviction pour avoir aux États-Unis, peut-être qu'il y a une volonté de relancer l'économie dans la zone euro. Tout ça pour dire que le dollar américain est affaibli par rapport au yen par rapport à l'euro, donc c'est une baisse de 5% depuis le début de l'année. C'est substantiel. Donc Denis il y a un changement de rhétorique ou de vision par rapport à la robustesse des marchés financiers puis des États-Unis au cours des prochains mois.
Si on revient au Canada, on voit aussi l'impact des tarifs à venir déjà sur le secteur extérieur canadien, on a vu la balance commerciale exploser.
Donc Denis c'est vrai que le dollar américain c'est pas juste dopé par des investisseurs, y a aussi les flux commerciaux. Or, étant donné qu'il y avait une menace tarifaire, les compagnies américaines sont dit mon Dieu, on importe comme jamais. Donc le déficit commercial américain s'est fortement dégradé. Puis bon ça va, je vais pas t'étonner en disant que au Canada, ça s'est amélioré de sorte que le surplus commercial pourrait contribuer jusqu'à 5 points de pourcentage au PIB canadien au premier trimestre. Donc Denis, je me retrouve dans une situation mon PIB pour être négatif aux États-Unis au premier trimestre à cause d'une recrudescence, en fait, d'un saut sans précédent les importations, puis au Canada je deviens positif malgré que c'est nous qui subit la menace tarifaire. C'est quand même–
C'est un peu contradictoire.
C'est un peu contradictoire mais—
En même temps c'est temporaire.
C'est temporaire et il ne faut pas ambitionner que la croissance du PIB au premier trimestre au Canada doit être, va s'étendre au reste des autres trimestres Denis, d'autant que le président vient d'annoncer aujourd'hui que les tarifs sur l'aluminium, l'acier pourraient être de 50% à partir de demain. Ça veut dire que Denis y aura des baisses de taux au Canada au niveau de la Banque du Canada demain en termes de police d'assurance, mais l'économie canadienne demeure chancelante je pense, pour les prochains mois.
Tout à fait. Puis encore, on parle toujours de réglementation, réglementation. Tu veux nous glisser un petit mot là-dessus?
Denis, on a un nouveau Premier ministre au Canada, là qui vient d'arriver, je sais pas combien de temps ça va durer, mais on a un nouveau Premier ministre. On parle de faire face aux américains, puis d'y aller– les premiers ministres provinciaux qui ont décidé de mettre des taxes sur des tarifs à l'exportation pour les États-Unis. Je pense, c'est on fait peut-être fausse route parce que je pense que, ce qui serait salutaire pour le Canada, c'est de se questionner au niveau de toute la réglementation qui limite notre potentiel de croissance. Or Denis, y a 320 000 mesures présentement de réglementaires qui sont appliquées sur nos entreprises. Denis, 105 000 seulement dans le secteur manufacturier qui font en sorte de miner la croissance de l'emploi, la croissance de l'économie, mais surtout l'investissement des entreprises qui est clé pour relancer notre productivité. Donc, si seulement nos politiciens pouvaient s'y attarder. On sait que le président Trump dit toujours que le plus beau mot du dictionnaire, c'est les tarifs, mais on dirait qu'au Canada, c'est la réglementation. Donc c'est un message clair au niveau de nos politiciens, ça coûte pas grand chose aider l'économie canadienne. On n’est pas obligé de déployer des programmes budgétaires, mais on peut vraiment aider les entreprises canadiennes à faire face à un environnement hostile au niveau des tarifs en aidant avec la déréglementation.
Vraiment une occasion en or de s'y attarder présentement puis de corriger cette situation-là.
Denis, je pense ces occasions-là se présentent se profilent une fois par génération donc j'espère que nos politiciens vont faire quelque chose. Je pense que ce serait beaucoup plus porteur pour nous repositionner que d'y aller avec des tarifs sur des tarifs américains puis les représailles. Ça c'est la plus belle forme de représailles qu'on pourrait avoir— relancer nos propres industries.
Merci Stéphane et sur ces bons mots, merci à tous de nous écouter. On se revoit début avril en espérant que la planète va tourner un petit peu mieux. À bientôt.
Bonjour tout le monde, bienvenue à Impact économique. Aujourd'hui, nous sommes le 11 février 2025 et comme à l'habitude, je suis en compagnie de notre économiste en chef, Stéfane Marion. Stéfane surprenant, faut regarder les performances boursières et en fait tous les actifs financiers.
Bien oui Denis, on est en brume de guerre commerciale. Or, toutes les classes d'actifs ont un bon départ en ce début d'année. Puis peut être surprenamment Denis là, malgré toutes les menaces de Washington, remarque que les pays européens, Asie, de même que le Canada qui surperforme même la bourse américaine. Donc surprenant, peut être des menaces qui seront admises à exécution ou pas, à voir.
En fait le marché espère encore ou ne croit pas aux menaces.
Je pense au marché doute de la capacité des États-Unis de mener une guerre commerciale de grande envergure. Donc avec une structure tarifaire punitive du 25%, un peu ce qu'on avait dit moi pas. Ça ne veut pas dire par contre Denis qu’il n’y aura pas de tarif parce qu'il y en a déjà sur la Chine. Or pour l'instant le marché se dit bon, ça ne devrait pas empirer trop à partir de maintenant. À voir.
Quand on revient au Canada par contre, ce n’est pas tous les secteurs qui font bien.
Non, puis là je veux pas– t'as raison Denis, puis je veux pas présager que tout va bien au Canada. À preuve, c'est vraiment le secteur des matériaux, de la haute technologie aussi, mais ça c'est une petite composante du SNPTSX. C'est vraiment les matériaux qui amènent l'indice boursier canadien en hausse parce qu'on remarque qu'il y a quand même beaucoup d'inquiétude dans les autres secteurs. Donc c'est vrai que l'économie canadienne est fragilisée par rapport aux menaces tarifaires. Mais les matériaux, eux vont très bien présentement.
Puis un des indices d'incertitude, c'est le prix de l'or.
Ben les matériaux, c'est composé d'or au Canada Denis, je crois qu'on est le 3e ou 5e plus gros producteur d'or au monde. Et le prix de l'or donc atteint un record de tous les temps-là en dollars nominal, près de 2900$ américains ajusté pour l'inflation Denis, c'est un nouveau record de tous les temps, donc jamais dans l'histoire moderne les aurifères ou le prix de l'or a atteint un niveau comme on le voit présentement. Ça te montre quand même Denis, qu'il y a une certaine inquiétude par rapport à comment Washington va procéder au cours des prochains mois. Cette méfiance-là amène les gens à se tourner vers l'or, que ça soit les banques centrales ou même les particuliers.
Puis en même temps, bien on voit qu’au niveau des États-Unis, toutes ces hausses de tarifs là fait en sorte que les anticipations inflationnistes commencent à se matérialiser.
Donc en général le prix de l'or va monter si bon, t'es suspicieux par rapport au dollar américain, mais le dollar américain est à un sommet de tous les temps, donc c'est pas ça l'enjeu. Mais t'as absolument raison de parler de l'inflation, parce que la surprise des dernières semaines c'est que les anticipations d'inflation dans un an– les sondages faits auprès des consommateurs se disent bien maintenant je pense que l'inflation va être au-dessus de 4%. Ça Denis, c'est à surveiller pour toutes les classes d'actifs. Et ça, c'est probablement la preuve que Washington devrait être prudent par rapport à une guerre commerciale.
Puis en même temps il y a un effet nouveau là qui se présente, c'est à dire que bon, on voit que les actions sont quand même à un bon niveau. Les taux d’intérêt ne baissent pas beaucoup, mais là il commence à avoir un effet assez intéressant.
Bien au niveau des anticipations d'inflation qui montent, ça veut dire ça pourrait limiter la potentielle de baisse de taux au niveau de la Réserve fédérale mais surtout Denis au niveau obligataire, si les anticipations de l'inflation montent, au niveau obligataire tu dis bien mes taux d'intérêt long terme, dont mon taux hypothécaire 30 ans aux États-Unis, ne peut pas vraiment baisser. Et ça, ça pourrait créer un effet richesse négatif pour les Américains si ça se continue. Mais là ce qu'on voit c'est que les taux obligataires par rapport au rendement de l'équité ou des actions est devenu à sens inverse.
Bien c'est comme investisseur tu dois te questionner, est-ce que–
Ils ont une prime de risque différente là.
Ah oui mais oui tu te questionnes en tant qu'investisseur, si je ne connais pas la politique économique ou tarifaire des États-Unis, quels sont les risques que je voudrais prendre au niveau de la bourse? Puis ce qu'on remarque présentement c'est que pour la première fois, en plus d'une génération, la prime de risque sur la Bourse est négative. C'est à savoir que le rendement sur tes profits est inférieur au taux obligataire que tu reçois. Puis en général ça, ça dit aux gens, mais pourquoi prendre un risque en bourse si je peux investir avec moins de risque dans des obligations? C'est là où la bourse américaine est fragilisée si les anticipations d'inflation continuent de monter avec une guerre commerciale qui s'étendrait au niveau mondial.
Puis quand on revient au Canada, là on voit tout l'impact de ce qui se passe au-dessus de la frontière, l'incertitude, elle a atteint un sommet comme d'une façon incroyable.
Oui, puis ça ne s’améliore pas cette semaine. Denis, probablement que ça sera pire à la fin de la semaine parce que le président a annoncé des tarifs potentiels sur l'acier, l'aluminium de grande envergure, 25% en date du début mars, donc au niveau de l'incertitude–
Il peut changer d'idée d'ici là encore.
Ben en fait Denis, depuis qu'on s'est parlé, on a oublié de le dire hein. Il avait annoncé le premier février qu'il y aurait une structure tarifaire punitive sur le Canada à partir du 4 février. Bon, on a négocié pour la repousser d'un mois jusqu'au 4 mars. Les tarifs sur l'acier c'est aussi pour le 4 mars, aluminium– entre-temps, le Canada est quand même frappé au niveau de l'incertitude au niveau de sa politique commerciale, donc on atteint un sommet inégalé, à savoir comment composer comme entreprise au Canada dans un contexte où je ne connais pas les règles du jeu.
Puis en même temps, toute cette incertitude-là se traduit sur le dollar canadien de façon négative.
On fragilise l'économie canadienne. Le gouverneur de la Banque du Canada a même été jusqu'à dire: écoutez, sans même une structure tarifaire, l'incertitude taxe l'économie canadienne. Ce qui m'amène peut-être à devoir baisser les taux d'avantage et la devise écope. Donc on est allé par rapport au dollar américain, on a perdu des plumes hein sur le huard jusqu'à 1.47$, donc en bas de 70 sous par rapport au dollar américain, on est revenu un peu, mais tout ça tient en respect si tu veux l'économie canadienne et la devise donc–
Donc le différentiel des taux d'intérêt États-Unis d'Amérique va encore s'accentuer.
Peut s'accentuer si effectivement cette guerre commerciale s'étend. Donc Denis, on en a parlé le mois passé, le scénario de base ce n’est pas 25% sur tout le monde, ça serait trop punitif pour l'inflation aux États-Unis par contre, il y en a des tarifs, il y en aura. C'est juste que Washington devra peut-être mieux calibrer. Et je continue de penser qu’avec ce qui se dessine au Canada, c'est qu'un une volonté de changer nos politiques économiques qui pourrait éviter le pire pour le dollar canadien, puis peut être relancer la croissance en 2025. Mais ça faut recalibrer nos politiques économiques de façon à nous amener – puis nos politiques énergétiques – de nous amener à conserver notre souveraineté économique. Donc c'est peut-être un réveil brutal pour le Canada. Mais j'ai bon espoir que des politiques structurantes pourraient être déployées au Canada au cours des prochains trimestres.
Sur ces bons mots Stéfane, merci beaucoup. Beaucoup de choses à venir dans les prochaines semaines. Donc on vous remercie d'être à l'écoute. On se revoit début mars probablement avec encore beaucoup d'autres nouvelles. Merci.
Bonjour tout le monde, bienvenue à Impact économique. Aujourd'hui, nous sommes le 22 janvier 2025 et comme à l'habitude, je suis en présence de notre chef économiste, Stéfane Marion. Bonjour Stéfane.
Bonjour Denis.
Stéfane, beaucoup de bruit dans les marchés, beaucoup de bruit au niveau politique. Qu'en est-il des marchés aujourd'hui?
Ben Denis, étonnamment, peut-être pour plusieurs. C'est que les marchés boursiers sont même positifs année à date. Donc l'année est très jeune au début, ce début d'année, mais à part quelques régions en Asie, pour la majorité des régions on parle de rendements positifs au niveau boursier. Donc malgré tout le bruit politique dont tu parles et l'incertitude qui peut venir avec.
OK, mais aujourd'hui on va avoir un peu une présentation spéciale parce qu'il faut parler de tarifs, faut parler de balance commerciale, puis faut un peu démystifier tout ça.
Oui, puis je ne prétends pas qu'on a la vérité absolue, mais on va peut-être présenter aux gens des pistes de solutions à savoir pourquoi les marchés transigent comme ils le font présentement, puis aussi comme Canadiens, comment on devrait se positionner face à toute incertitude là. Ce n’est pas juste du négatif Denis.
OK. Fait que la balance commerciale américaine, qu'en est-il?
Bien aux yeux du président américain ça c'est juste du négatif parce que tu remarqueras que depuis une génération près de 50 ans, les Américains ont une balance commerciale qui est négative autour de 3 points de pourcentage du PIB. Si je te le mettais en dollars, ça voudrait dire 1000 milliards de dollars de déficit par année présentement pour les États-Unis. Donc ça agace beaucoup le président américain qui veut colmater ce déficit-là.
Puis lui naturellement, ça va se résorber par des tarifs.
Il y a 2 façons de le faire, tu pourrais dire, je vais augmenter les taxations sur mes concitoyens pour qu'ils dépensent moins ou sinon puis je ne veux pas le faire. Donc je vais augmenter la taxation sur les autres en ayant avec une structure tarifaire beaucoup plus élevée que celle que l'on connaît présentement. Tu sais présentement le tarif effectif pour les importations américaines c'est autour de 2%, donc à peu près–
Ça c'est toute l'importation globale.
C'est les tarifs qui sont récoltés, qui sont compilés par le gouvernement américain en pourcentage des importations. Tu peux constater qu’historiquement, depuis les années 30, c'est en forte baisse. Ce que le président dit présentement: moi je devrais de redevenir à une structure tarifaire beaucoup plus élevée, comme celle qui prévalait il y a une centaine d'années, qui permettait au gouvernement américain de financer ses dépenses avec une taxation sur le commerce étranger.
Tout à l'heure on a parlé du marché de l'équité, mais quand on regarde le marché obligataire il y a un comportement assez particulier présentement qu'on n'a pas vu souvent à travers les années.
Oui, parce que le déficit américain est tellement gros que si tu veux solutionner tout ça uniquement par des tarifs, puis le président a parlé d'une structure tarifaire de 25% pour le moment Canada, Mexique, mais on parle aussi de l'ensemble des partenaires commerciaux, Denis, 25% de tarifs lorsque ton déficit commercial est aussi gros qu'il l'est présentement, ça voudrait dire augmenter l'inflation aux États-Unis de plus de 2 points de pourcentage. Donc du jour au lendemain on passerait de 3% d'inflation à 5% d'inflation. Puis le marché obligataire est pas très confortable à cette idée-là. De sorte que depuis que la Réserve fédérale a commencé son cycle de baisse des taux d'intérêt au mois de septembre passé pour la première fois Denis, de l'histoire moderne, les taux d'intérêt obligataires et les taux d'intérêt hypothécaires aux États-Unis sont en hausse. Donc le président doit être à l'affût. Si je vais à 20%-25%, mon inflation augmente tellement que je me retrouve aussi dans une structure punitive pour même financer mon déficit budgétaire. Donc c'est la raison pour laquelle on parle beaucoup de tarifs présentement. Mais le 25% de tarifs, ça ne serait pas vraiment un scénario de base, ça serait dans le pire des cas. Puis si on va dans le pire des cas, l'économie américaine aussi serait impactée négativement.
Donc, si on revient à l'économie canadienne, l'impact de ces tarifs là sur l'économie? Ça se transpose comment?
Je parlais de 2 points de pourcentage d'augmentation pour l'inflation aux États-Unis. Bon ça ne serait pas bienvenu, la Réserve fédérale pourrait pas baisser les taux, mais le Canada c'est une petite économie ouverte. Dans un contexte de guerre mondiale tarifaire où on se met du 25%, puis après il y a des représailles. La Banque du Canada a déjà estimé que dans le cas canadien, une guerre mondiale généralisée au niveau tarifaire amènerait une ponction du PIB de l'ordre de 6 points de pourcentage. Denis, ça voudrait dire une augmentation du taux de chômage importante, taux de chômage qui passera de 7 à 10%, mais ça c'est le cas extrême Denis, est-ce qu'on doit vraiment utiliser comme scénario de base le 25%? Pour le moment, le marché boursier ne donne pas beaucoup de probabilités parce que ça deviendrait important pour les États-Unis, mais Dieu sait que ça serait aussi important pour le Canada.
On va venir un peu en arrière sur la balance commerciale canadienne, puis un peu la démystifier parce qu'on voit qu'est négative, mais négative d'une façon assez particulière. Qui est particulier au Canada aussi vis-à-vis des Américains?
Aux dires du président américain, le Canada est subventionné par les Américains parce qu’ils ont un déficit commercial avec nous. Je ne nie pas qu'on a un déficit commercial avec les Américains, mais le déficit commercial est somme toute modeste, c'est 32 milliards de dollars seulement sur un déficit de 1000 milliards pour les États-Unis. Donc on est plus de 15% du commerce américain, mais on a juste 3% du déficit. Puis la raison pour laquelle c'est comme ça, Denis, c'est que le déficit commercial américain est uniquement composé de nos exportations énergétiques depuis maintenant 17 ans cette année. Les Américains ont même un excédent commercial avec nous pour tout ce qui n’est pas pétrole et gaz. Donc le déficit commercial, je ne nie pas qu'il soit présent, mais c'est surtout au niveau énergétique.
Malgré que notre économie ne soit pas si grande que ça, on importe la majorité de nos produits des Américains.
Absolument. Donc en fait c'est vrai pour le Canada par rapport à l'ensemble de la planète, mais même par rapport aux États-Unis. Donc même si on a un traité de libre-échange avec les Américains, on a un déficit en dehors du pétrole et gaz. Donc les Américains, oui, c'est vrai qu'ils ont un déficit avec nous, mais c'est uniquement énergétique.
C'est pour leur besoins propres.
Ils ont besoin de cette énergie-là absolument pour le fonctionnement de leur propre économie. Donc c'est faux de dire que le Canada est un parasite comme partenaire commercial.
Maintenant, quand on regarde le Canada au niveau industriel on fait par un pauvre un petit peu avec le G 7.
Il y a beaucoup de politiciens qui parlent qu'on doit repositionner le Canada par rapport à ses partenaires commerciaux. D'accord, moi je suis prêt à le faire, mais c'est anormal qu'on ait un traité libre-échange avec les Américains et qu'on ait un enjeu au niveau des exportations manufacturières. On devrait avoir une bien meilleure performance de notre secteur manufacturier. Or Denis, il s'avère que, après plusieurs années de négligence, le secteur manufacturier canadien est le plus petit par rapport à son PIB dans l'ensemble du G 7. Donc moi je veux bien qu'on exporte plus aux autres. Mais à part l'énergie, il faut qu'on fasse mieux au niveau du secteur manufacturier. Donc on doit l'emphase pour rebâtir, si tu veux notre secteur industriel, si on veut se trouver d'autres partenaires commerciaux.
En fait, tu l'as dit, on a sous investi dans notre secteur industriel pendant des années, parce qu'on n'a pas eu des politiques appropriées pour ça. On s'est dit au Canada qu'on allait faire déplacer la production à l'étranger, que ça nous permettait d'aller beaucoup plus rapidement par rapport à la décarbonisation. Mais ce qu'on s'est fait affaire Denis, c'est qu'on a simplement déplacé la pollution dans d'autres régions du monde où la production manufacturière est plus polluante qu'au Canada. Donc je pense qu'on doit revenir par rapport à ça parce qu'il y a beaucoup d'avantages comparés pour faire de la production manufacturière au Canada. Mais on doit plus laisser cette atrophie du secteur manufacturier se continuer si on veut vraiment avoir une politique commerciale qui soit plus porteuse pour le Canada au cours des prochaines années. Donc, beaucoup d'emphase à mettre à ce niveau ici.
Maintenant, on va parler des tarifs entre les provinces. Parce qu'on parle beaucoup États-Unis, Canada, 25%. Mais quand on regarde entre les provinces, wow, ça choque.
C'est-à-dire que dans les faits on n'a pas de tarif entre les provinces, on a des barrières commerciales qu'on peut traduire en équivalent tarifaire. Donc lorsque je prends les barrières commerciales entre les provinces canadiennes présentement, Denis, puis je le mets en équivalent tarifaire. Tu as absolument raison de dire que c'est élevé. C'est l'équivalent d'un tarif de 21% entre nous. Donc ce qui m'épate présentement, c'est que tu as les provinces « Mon Dieu, 25% avec les États-Unis, ça n’a pas d'allure, c'est punitif », mais qu'on tolère le 21% entre nous à cause de code de la construction qui ne sont pas uniformisés, des règles de de transport, et cetera. Ça ce n’est pas normal. Donc si on veut avoir une solution faite au Canada pour permettre à nos entreprises de s'épanouir même au Canada, mais il faut s'attaquer à ce 21% là. Puis je n’ai pas besoin d'attendre–
Faut commencer à le faire entre nous autres avant d'aller voir au Sud.
On a un ménage à faire au niveau domestique Denis, puis ça, ça pourrait être extrêmement porteur. Moi je pense que ce qui se passe avec les Américains présentement, on vient de constater qu'un traité de libre-échange ce n’est pas un droit acquis, OK? Ça doit s'entretenir, puis au niveau domestique, c'est le moment maintenant de dire ben je vais laisser y aller avec une composante de commercial entre nous est-ouest qui est peut-être moins incertaine que de toujours se fier avec un seul partenaire commerciaux.
Donc Denis, encore une fois, ce qui se passe présentement, c'est une occasion en une génération pour revoir notre propre politique économique au Canada, qu'elle soit beaucoup plus porteuse à moyen terme. J'ai bon espoir qu'on commence à s'attaquer avec ça.
À voir. Merci Stéfane.
Merci.
Merci à vous tous d'avoir écouté notre présentation en espérant que celle-ci vous a plu. Un petit peu différente de celles du passé. Nous espérons vous revoir en février. Merci, à la prochaine.
Bonjour tout le monde, bienvenue à Impact économique. Aujourd'hui nous sommes le 10 décembre 2024 et comme à l'habitude, je suis en compagnie de notre chef économiste Stéfane Marion. Stéfane, encore des nouveaux hauts au niveau du marché boursier?
Oui, bonjour Denis. Un effet richesse positif pour plusieurs ménages avec la bourse au niveau mondial donc l'indice qui représente tous les pays qui atteint un nouveau record début décembre.
Et c'est strictement presque en Amérique du Nord qu'on voit cette croissance-là du marché. Oui l'Amérique du Nord, mais en étant plus précis, Denis, le plus meilleur marché boursier au 4e trimestre ça pourrait surprendre bien des gens mais c'est le Canada 7.8% donc pour un gain quand même appréciable de 24%, devancé seulement par les États-Unis en 2024. L’année n’est pas finie mais presque finie, donc c'est une année exceptionnelle pour la bourse canadienne.
Mais ça ne serait pas du rattrapage qu'on fait par rapport aux Américains. Le cours-bénéfice est beaucoup plus bas. Oui puis ça on en a parlé souvent que c'était inusité et probablement injustifié d'avoir l'indice canadien qui se transigeait à à peine 13 fois les bénéfices prospectifs en début d'année. Donc la moitié des gains boursiers en 2024 pour le Canada provient d'une expansion des multiples. Mais malgré ce rattrapage, en fait il n’y a pas beaucoup de rattrapage par rapport aux États-Unis parce que l'écart demeure historique. Donc on a presque 7 points de divergence entre les multiples. Donc si on parle de marchés surévalués, le Canada ne fait pas de partie des marchés surévalués aux multiples actuelles.
D'accord, si on revient un peu plus au niveau de l'économie, faut parler d'exportation. Oui, parce que les gens, peu de gens auraient pensé que la bourse canadienne peut faire aussi bien au 4e trimestre malgré la menace des tarifs américains qui plane. On a parlé de 25% s'il fallait que ça se concrétise. Denis, ne faut pas oublier que 600 milliards d'exportations canadiennes vers les États-Unis, c'est 20% du PIB. Si on mettait 25% de tarifs sur tout ça, il y a fort à parier que l'économie canadienne devient très changeante. Puis je ne pourrais pas vraiment justifier des gains boursiers comme j'ai vu au Canada au 4e trimestre. Puis en même temps un des secteurs qui exporte beaucoup aux États-Unis c'est le pétrole. On sous-estime ça.
Puis c'est la raison pour laquelle je pense qu'il est peu probable que le 25% s'applique à l'ensemble de l'économie canadienne. La majorité du surplus commercial avec les États-Unis, c'est des composantes énergétiques. Les Américains dépendent du Canada comme jamais auparavant en termes de sources d'approvisionnement pour une énergie fiable à un coût relativement modeste pour eux, on parle de 4 000 000 de barils par jour, un record de tous les temps exportés vers les États-Unis. À 62% des importations américaines de pétrole proviennent du Canada. Donc si on taxe l'énergie canadienne, je vais faire augmenter très rapidement l'inflation aux États-Unis. Je ne pense pas ce que ce que souhaite Washington.
Là Stéfane, on exporte beaucoup en même temps, le dollar canadien souffre énormément. En fait c'est un mystère parce que je te dirais– puis en fait je vais l'expliquer le mystère, je vais tenter de l'expliquer. Ce n’est jamais arrivé de l'histoire canadienne où le pétrole se transige à 70$ le baril et que le dollar canadien est aussi faible qu'il est présentement, au taux à plus 1.40$ par rapport au dollar américain. Historiquement lorsque le dollar canadien se transige au niveau actuel, le pétrole est à 30$ donc je n’ai jamais eu cette composante où le dollar canadien est aussi peu cher, aussi déprimé avec un pétrole aussi élevé. Bon, c'est une bonne nouvelle pour le secteur énergétique parce que les revenus des pétrolières canadiennes, les producteurs de pétrole vont très bien dans ce contexte-là. Donc il y a un mystère à ce niveau-là.
Est-ce que le mystère pourrait s'expliquer avec la création d'emplois?
Bien, c'est l'économie. Puis aussi le fait que depuis que les Américains sont devenus exportateurs nets d'énergie, le prix du pétrole est un déterminant moins important du dollar canadien, du taux de change. Donc t'as raison, il faut maintenant se rallier sur la perspective, la performance économique entre les 2 pays. Puis là, on constate que au niveau du marché du travail, avec les plus récentes données, on a un écart substantiel entre la performance économique canadienne et américaine, à savoir que le taux de chômage est à 6.8% au Canada versus 4.2% aux États-Unis.
Là je vais te demander de te commettre, la Banque du Canada va faire quoi?
Ah ben tu dois faire 50 points de base ici au prochain meeting je pense. Donc en fait Denis, le marché s'y attend à plus d'autour de 90% de probabilité puis la réalité c'est que le dollar canadien transige là-dessus parce que les écarts de taux d'intérêt dans le court terme, donc les obligations de 2 ans, étaient à un record depuis 1997. Tu sais Denis, la dernière fois qu'il y a eu un écart aussi important entre le taux de chômage des 2 côtés de la frontière, faut retourner à 2001. Donc c'est des choses qu'on n'a pas vu en une génération. Ce qui explique donc le différentiel de taux d'intérêt et ce qui explique la performance du dollar canadien, ce qui n’est pas mauvais pour les exportateurs. Ben oui, pour notre pouvoir d'achat, falloir passer.
Là on est en fin d'année, qu'est ce qui est à prévoir pour 2025? Mais surtout on a un indice qui est un petit peu fatiguant.
Ce qui est agaçant c'est que le président élu n'est pas encore au pouvoir. On a parlé de beaucoup de politiques qui pourraient impacter la chaîne d'approvisionnement mondiale, on parle de tensions commerciales entre les 2 plus gros joueurs planétaires, à savoir les États-Unis et la Chine. Il y a du va et vient à ce niveau ci là. Je t'attaque sur les puces informatiques puis tu m'attaques sur les métaux rares donc à surveiller, mais je dois dire que l'indice d'incertitude de politique économique aux États-Unis présentement est à son plus haut niveau depuis la COVID. Et même beaucoup plus haut qu'au premier mandat de Monsieur Trump. Beaucoup plus haut, oui, en fait, il faut retourner même à la crise des finances publiques européennes en 2012 pour voir une incertitude. Puis même en 2012, il y avait les événements en Syrie, faut s'en rappeler. Donc tout ça nous met dans un environnement où ce n’est pas clair les perspectives pour les prochains trimestres. C'est d'autant plus difficile qu'on vient de connaître 2 années particulièrement exceptionnelles en termes de croissance.
Oui puis bon, on a parlé des multiples au niveau auquel ils se transigeaient. Puis il ne faut pas oublier que en 2023, toutes les classes d'actifs ont fait très bien. En 2024, c'est presque la même chose qu'en 2023. C'est très rare que coup sur coup on arrive à afficher un effet richesse aussi substantiel pour les investisseurs canadiens.
Donc encore une fois, prudence est de mise.
Bien Denis, je sais qu'on se répète, mais bon, il est difficile de calibrer pour un environnement comme ça. Ce que je dois dire c'est soyez confortable avec votre répartition d'actifs actuelle dans un contexte où je ne peux pas vous promettre une 3e année aussi exceptionnelle que les 2 précédentes. Donc soyons confortables avec notre fin d'année en termes de répartition d'actifs. Puis si on ne l’est pas bien, on fait certains appels puis on recalibre le tout parce que 2025 sera une année, encore une fois je pense, avec plusieurs surprises, avec des surprises qui peuvent être positives, mais il pourrait y avoir certaines déceptions.
Merci Stéfane et merci à vous tous de nous avoir écouté tout au long de l'année au nom de toute l'équipe de Impact économique, au nom de Stéfane et moi-même, nous vous souhaitons un joyeux temps des fêtes. Merci et à la prochaine, début 2025.
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