Bonjour et bienvenue aujourd'hui, 15 avril 2025, Impact économique.
C'est notre 5e anniversaire. On a commencé en avril 2020, au tout
début de la pandémie. Et aujourd'hui on est en pleine guerre
tarifaire. Donc ces vidéos-là qui parlent à tous nos clients, donc
8000 par mois sont très importants. On a une responsabilité, une
grande responsabilité comme institution financière de partager ce que
l'on voit, de partager nos opinions également sur l'état de la
situation, l'économie et également ce qu'on pense, ce qui ce qui peut
arriver avec les politiques américaines en ce moment qui inquiètent
beaucoup de monde. Et donc c'est très opportun de continuer nos
impacts économiques. Denis Girouard accompagne Stéfane Marion depuis
quelques années et on se fait un plaisir de vous rejoindre à travers
ce média. Alors sans plus tarder, je passe la parole à Stéfane et
Denis Girouard.
Stéfane, on en est où dans les tarifs ?
Ouais puis en passant, merci Laurent de nous rappeler qu'on est 5
ans plus vieux. Le décompte Denis, c'est beaucoup de tergiversations à
Washington, on est passé de 2% à 10% à 32%, puis en date de ce matin.
Donc c'est pour ça que Laurent a mentionné le 15 avril, nous sommes
présentement à 26%, ce qui nous met dans une situation a un peu
troublante étant donné qu'à 26%, la dernière fois qu'on a vu ça, c'est
1901, Denis. Donc je pense que c'est punitif pour l'économie
américaine de subir une structure comme ça.
Effectivement. Puis en même temps bien les attentes inflationnistes
doivent augmenter de concert avec ces tarifs-là.
Bien il n’y a pas juste les étrangers qui sont pas contents de tout
ça. Les consommateurs américains commencent à être inquiets parce que
les anticipations d'inflation dans la prochaine année c'est presque
7%, Denis. C'est énorme.
40 ans.
Puis les années 80 alors que l'inflation était avec des taux
d'intérêt qui étaient presque près de 20%. Donc c'est un peu
spectaculaire ce changement-là. Donc, lorsque des gens anticipent
beaucoup d'inflation comme ça, on s'entend qu'ils sont pas très
confiants, puis la confiance des consommateurs est en chute libre,
Denis. Puis ça je pense que ça peut amener une ponction au niveau de
l'économie américaine.
Donc ralentissement économique, mais qu'en est-il des marchés boursiers ?
Ah ben si les consommateurs sont pas contents, les marchés boursiers
ils peuvent pas être contents parce que là c'est les 2/3 de l'économie
américaine. Puis ce qu'on constate c'est que la bourse américaine
depuis son sommet, elle a beaucoup corrigé. On est allé jusqu'à moins
19% Denis, on n'est pas allé au moins 20% qui déclencherait un marché
baissier ou "bear market" en français moins 19%, on est
revenu et c'est quand même ce qui est intéressant sur ce graphique-ci,
c'est de montrer que le Canada demeure résilient par rapport à
l'Europe et par rapport au S&P 500. Donc ça peut sembler
contre-intuitif de dire que le Canada est visé dans la guerre
tarifaire, mais il semble y avoir une certaine perception à l'effet
que le Canada peut être un peu plus résilient au niveau des marchés,
puis peut-être de son économie.
En même temps, on voit que l'entente de libre-échange nous a un peu
mis à l'écart de tous ces tarifs-là mondiaux, là, ça nous a aidé un
petit peu.
Oui.
Pas dans tous les secteurs, mais dans certains secteurs.
Ce qui aide, Denis, c'est que les gens semblent bouder le dollar
américain. Donc le dollar américain maintenant est en baisse de près
de 5% depuis le début de l'année. Donc il semble y avoir un sentiment
au niveau des investisseurs, puis des grands fonds de pension, puis
des banques centrales de dire bien woah, je comprends pas trop ce qui
se passe donc je veux diminuer ma pondération en actif américain, ce
qui entraîne un dénouement qui est un peu spécial. Normalement la
bourse corrige, le dollar américain devrait s'apprécier. Or maintenant
c'est pas le cas, donc ça explique un peu aussi ce qui se passe par
rapport au Canada.
Donc plus d'inflation qu'on va importer, avec les tarifs?
Oui, puis l'enjeu qu'on a pour l'inflation, mais ça vient miner ton
plan d'affaires comme corporation, parce que tu dois te financer à
plus d'inflation, tu dois te financer à une structure de taux
d'intérêt plus élevé.
Parlons-en du financement, les taux d'intérêt ont bougé beaucoup.
Puis pour la dette corporative, Denis, c'est que la dette
gouvernementale, elle monte, mais au niveau des de la dette
corporative qui est très, extrêmement importante parce que les
entreprises américaines, plus qu'avoir des relations bancaires, se
sont dirigées vers des émissions de dette corporative directement au
marché. Or, les écarts de taux d'intérêt maintenant explosent parce
que les gens sont plus certains du plan d'affaires des entreprises
dans un contexte de guerre tarifaire. Donc, le coût de financement est
beaucoup plus élevé. Denis pour te donner une idée-là le chiffre c'est
une entreprise de pacotille, donc "high-yield" en français,
ton taux de financement présentement c'est du 8%.
Wow bon. Tout va mal, on commence à parler de stagflation. On parle
tu de récession aussi?
Avec ce qui se passe Denis, on est tous un peu mélangés donc on a
ressuscité dans notre groupe qui est disponible sur notre site en
passant ressuscité un suivi mensuel de probabilité de récession. Vous
pouvez voir qu'il commence à y avoir du rouge puis du jaune sur la
page. Donc, tout ça pour vous dire, je vous évite de devoir parler de
chaque chiffre. Mais si je le mets au total, ça nous donne une
probabilité de récession aux États-Unis autour de 40%. Donc c'est pas
le scénario de base, mais clairement c'est un risque important pour
l'économie américaine dans les prochaines semaines, dans les prochains mois.
Puis au même moment, contre toute attente, le dollar canadien fait
de mieux en mieux.
Bien, Denis, si tu boude le dollar américain, tu dois aimer quelque
chose en contrepartie. Donc les gens ont dit bien, le huard semble
attrayant présentement, donc une appréciation de plus de 5 sous dans
par rapport au dollar américain récemment. Donc ça aussi c'est un peu
contre-intuitif lorsque normalement le marché corrige, dollar canadien
devrait être sous pression. Or, si je boude les actifs américains, ben
je suis en train de regarder d'autres choses. Et par rapport au Canada
présentement, c'est le huard semble avoir la côte par rapport à
plusieurs investisseurs étrangers.
Ici, on voit souvent comme tu l'as dit tantôt, là les taux
tarifaires augmentent, augmentent, augmentent mais qu'en est-il pour
le Canada parce qu'on a l'entente de libre-échange. C'est quoi les
vrais tarifs effectifs ?
Bien, il y a beaucoup de, les gens sont un peu mélangés parce que
tout bouge à tous les jours. Mais je vais le résumer comme ça-là
Denis. Si on n'avait pas d'accord de libre-échange présentement, on
ferait face à 24% de structure de taux effectif tarifaire sur le Canada.
Au moment où on se parle, on est à 5.7%. Pourquoi Denis ? Parce que
l'énergie canadienne exportée aux États-Unis, qui est une grosse
composante dans une exportation, bien elle n'est pas taxée. Donc le
tarif effectif sur l'économie canadienne, c'est pas du 24%, c'est pas
le minimum de 10% dont Monsieur Trump a mentionné, on est à 5.7%.
Là si je t'écoute, faut pas que Monsieur Trump voit ça parce qu'il
aimerait pas ça, faut être à 10.
Non mais je pense que ça le contente parce qu'il sait très bien que
taxer l'énergie canadienne en rajouterait davantage sur les pressions
d'inflation. Mais Denis, ce qui est intéressant, c'est que s'il y a
plus d'entreprises canadiennes qui deviennent conformes, qui
s'enregistrent, qui s'autodéclarent conformes à l'entente de
libre-échange, on pourrait sortir une structure tarifaire à 4.2%. Tu
comprends maintenant pourquoi les gens disent bien peut être le
Canada, c'est une valeur refuge dans un contexte où on est peut-être
l'économie une des moins pénalisées dans le contexte, nonobstant le
fait qu'il y a des tarifs prohibitifs sur l'aluminium présentement,
beaucoup d'incertitude au niveau du secteur automobile, mais au total
c'est 5.7% donc c'est moins taxant pour l'économie canadienne.
Donc on l'aime le Canada, mais on l'aime le dollar canadien. Puis on
le voit dans les réserves détenues par les banques centrales.
Oui, puis les banques centrales en rajoutent Denis, on est la 5e
monnaie la plus détenue par les banques centrales, présentement. 3% de
toutes les réserves officielles mondiales sont dirigées vers le dollar
canadien. 3%, ça peut sembler un petit chiffre, Denis, mais si je te
l'exprime en milliards de dollars, tu vas dire, mais là, ça commence à
faire beaucoup. Parce que pour la première fois de l'histoire
canadienne, il y a plus de 450 milliards de dollars détenus par les
banques centrales étrangères qui préfèrent réduire leur pondération au
niveau du dollar américain, puis d'augmenter par rapport à d'autres
devises, dont le dollar canadien donc. Mais encore une fois, Denis, on
est encore dans un environnement un peu inconnu. Mais, la raison à
savoir pourquoi le dollar canadien fait bien présentement, c'est que
les banques centrales sont intéressées à en accumuler.
Bien, merci Stéfane, merci pour toutes ces informations. Merci
Laurent. Nous vous remercions comme à l'habitude de nous écouter on
apprécie beaucoup. Espérons que ça va durer un autre 5 ans.
Bien Denis, peut-être pour l'émission mais on s'entend que pour les
prochains mois ça va être quand même être difficile pour les marchés financiers-là.
Ouais effectivement, mais on va être là pour vous raconter toute
l'histoire espérant vous revoir en début mai. À la prochaine. Merci.