Commentaires sur l'allocation d'actifs de septembre

16 septembre 2022, par Francis Gagné et Jean-Hubert Grenier

Mise à jour de notre allocation tactique d'actifs

Après une reprise du sentiment des investisseurs ayant bénéficié aux actions et aux obligations au courant de l’été, nous maintenons notre ajustement à la baisse au niveau de la prise de risque de nos modèles. Plus spécifiquement, nous sommes sous-pondéré en actions, de même qu’en obligations et nous avons également réduit notre allocation en dettes privées (catégorie d’investissement alternatif). En contrepartie et comme nous le mentionnions dans notre courriel du mois de juillet dernier, nos modèles sont actuellement surpondérés en liquidités qui, encore pour l’instant, offrent du 3%, soit leur meilleur rendement en une décennie. En plus d’une exposition à large spectre aux actions canadiennes, notre répartition géographique continue tout de même de favoriser les actions américaines avec une exposition directe à leur devise, et ce, au détriment de la région EAEO (Europe, l'Australasie et l'Extrême-Orient) et des marchés émergents.

 

Pour le moment, notre scénario de base continue de prévoir une période de croissance anémique et sous son potentiel, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle dans la mesure où cela devrait contribuer à atténuer les pressions inflationnistes. Rappelons d’ailleurs que les données sur l’inflation américaine du mois de juillet, paru à la mi-août, démontraient un recul au niveau du prix de plusieurs biens et services. Toutefois, lors de la divulgation des données du mois d’août parues ce mardi 13 septembre, les marchés furent pris au dépourvu par des chiffres d’inflation qui, contrairement au mois dernier, montraient bien peu de signes de ralentissement cette fois. Certes, l’inflation totale est passée de 8,5 % à 8,3 % en variation année-surannée, mais l’inflation de base a surpris à la hausse, passant de 6,1 % à 6,3 %.

 

Nous ne pouvons désormais plus ignorer le fait qu’il est clair que la Réserve Fédérale américaine est déterminée à prendre le risque de « trop » resserrer les conditions monétaires plutôt que l’inverse, et ce, avec l’ultime objectif de ramener l'inflation sous contrôle. Par conséquent, un retour à des politiques plus accommodantes devrait se faire attendre et au pire, nécessiter une récession; un scénario que les marchés ne semblent pas pleinement escompter. À cela s’ajoute une situation énergétique qui continue de s’empirer en Europe, où les prix du gaz naturel et de l’électricité viennent d’atteindre de nouveaux sommets environ 10 fois supérieurs aux prix d’il y a un an; un choc exogène majeur qui menace d'entraîner des effets de contagion.

La suite de ce texte vous résume les grandes lignes du pourquoi nous avons décidé de réduire notre exposition à la dette privée.

Augmentation des taux sur les titres de dettes offerts sur le marché publique

Il faut se rappeler que la raison d’être initiale de nos investissements dans les fonds de dettes privés provenait du fait qu’à ce moment, la dette « publique » se négociait à des taux anormalement bas, aux environs de 1% à 3%. Cette faiblesse était la conséquence directe d’une politique monétaire expansionniste de la part de nos banques centrales. Quant à elles, les dettes « privées » continuaient d’offrir des taux avoisinant les 6% à 8%.

Maintenant que les taux des banques centrales sont en hausses, nous constatons que la valeur nominale des titres de dettes publiques déjà en circulation connaisse un fort recul de par la relation inverse qui existe entre les prix et les taux. Ce recul a comme impact de bonifier le rendement à l’échéance (Yield To Maturity (YTM)) des obligations en circulation, les rendant ainsi plus attrayantes qu’elles ne l’étaient il n’y pas si longtemps. De plus, les nouveaux titres de dettes publiques émis dans les dernières semaines reflètent eux aussi cette nouvelle réalité de taux plus élevés.

Le risque de liquidité

Depuis le début de la crise sanitaire, le stress subi par les marchés sera venu tester la liquidité de ces titres non cotés en bourse. Dans le pire de la crise, nous avons pu en constater les limites alors qu’un trop grand nombre d’investisseurs ont afflué vers la sortie. Il s’en est résulté un goulot d’étranglement qui, à deux reprises, aura poussé certains gestionnaires de ces produits à réduire, voire éliminer, les demandes de rachats des investisseurs. Ces retards nous ont fortement irrités et sont un frein à notre agilité à saisir de belles occasions dans le feu de l’action. 

Les risques inhérents aux hausses des taux d’intérêt

Dans un contexte de hausses de taux où le risque de récession est élevé, nous croyons qu’il est pertinent de réduire notre exposition au marché des prêts immobiliers. Ce secteur directement affecté par la capacité à payer des emprunteurs est généralement considéré comme « plus risqué ». Ainsi, nous pensons que dans le contexte actuel, il est judicieux de réduire notre exposition aux prêteurs de ce secteur.

C’est en autre pour ces trois raisons que nous avons entamé la réduction de nos investissements en dettes privées et nous nous attendons à récupérer notre capital et nos intérêts au cours des prochains mois. Concrètement, le règlement de Riverrock (DON913) est prévu pour le 15 septembre, celui de Romspen (RIC101) pour le 15 novembre et Ninepoint (NPP631) est espéré pour le 30 décembre, sinon vers le 15 janvier 2023.

 

Pour toutes ces raisons, tous nos modèles sont actuellement surpondérés en liquidités et à moins d’un changement radical et contraire à l’évolution actuelle des marchés, nous planifions faire une réallocation graduelle des sommes que nous recevrons au cours des prochains mois. Notre stratégie est de profiter d'un contexte économique où les taux d’intérêt s’annoncent encore plus élevés sur l’ensemble de la courbe et d'un marché boursier qui se présente à des évaluations plus basses que l'an dernier.

 

Pour vous aider à visualiser les changements des derniers mois (à gauche de la ligne rouge) de même que ceux à venir (à droite de la ligne rouge), nous avons illustré ci-bas l’évolution des pondérations au sein des différentes classes d’actifs de notre modèle croissance max modéré. 

Finalement, nous souhaitons à nouveau attirer votre attention sur le fait que le dollar US est encore (pour l'heure) notre devise de prédilection. Sans systématiquement aborder le sujet lors de nos communications, l’enjeu des devises est un aspect de l’investissement que nous gérons activement. Effectivement, il est de rigueur de considérer le gain ou la perte potentielle reliés aux variations des taux de changes de nos investissements internationaux comme ils ont un impact sur vos rendements libellés en dollars CA. Pour mieux comprendre notre position sur le dollar US, nous vous partageons un premier vidéo ci-bas. Notez toutefois que ce vidéo est malheureusement imparfait puisqu’il est pratiquement impossible d'obtenir une vision totalement objective sur tous les aspects reliés à ce sujet. D’ailleurs, nous ne cautionnons pas l’entièreté des propos énoncés dans ce vidéo, mais nous trouvons qu’ il présente relativement bien les nombreux enjeux géopolitiques reliés aux devises, tout comme la chronologie du système monétaire, plus particulièrement au niveau de l’entente de Bretton Woods. Si vous souhaitez en savoir davantage sur le sujet, communiquez directement avec nous et il nous fera plaisir de vous partager du contenu supplémentaire intéressant.

 

Si vous avez des questions, n’hésitez pas à communiquer avec nous.

 

Au plaisir!

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