Commentaires sur la situation actuelle

8 mai 2022, par Jean-Hubert Grenier & Francis Gagné

Bonjour,

 

Après un certain répit en mars, les vents contraires ont repris de plus belle sur les marchés, entraînant de nouveau à la baisse tant les obligations que les actions. Il est difficile pour les marchés d'être totalement optimistes lorsque l'inflation augmente, que la croissance ralentit et que les taux d'intérêt augmentent rapidement dans le monde entier.

 

Les périodes exceptionnelles comme celles que nous traversons sont un rappel qu'il y a un coût à payer quand on investit pour le long terme et ce coût est la volatilité!... Les investisseurs le paient en ce moment et c'est difficile. S'en tenir à son processus d'investissement pendant les inévitables périodes douloureuses, qui semblent toujours être à la limite de ce que vous avez imaginé possible, est beaucoup plus difficile qu'il n'y paraît. C’est néanmoins en acceptant ces replis aujourd'hui que nous gagnons le potentiel d'obtenir des rendements demain. En tant qu’investisseur, il faut accepter ce fait pour mettre toutes les chances de notre côté.

 

En plus de la guerre en Ukraine et toute l’instabilité qu’elle entraîne, voilà qu’une montée des cas de COVID19 en Chine pousse le pays à adopter ses mesures de confinement les plus sévères en deux ans. Spécifiquement, l’arrêt quasi total de l’activité économique à Shanghai de même qu’à son important port vient attiser les inquiétudes sur la croissance mondiale en plus d’accentuer les perturbations des chaînes d'approvisionnement.

 

Heureusement, la grande majorité des pays développés demeurent sur la voie du retour à la normalité prépandémique. Or, on ne peut en dire autant du contexte inflationniste qui surpasse maintenant les enjeux de main d’œuvre au titre de problématique #1 pour les entreprises. Dans ce contexte, il n’est pas surprenant de voir les banques centrales se montrer, elles aussi, de plus en plus inquiètes face à la montée de l’inflation. Concrètement, ce changement de ton a porté les marchés à escompter une remontée nettement plus rapide des taux de référence de la Fed et de la Banque du Canada (BdC), faisant ainsi craindre un ralentissement économique prononcé, ou pire, une récession.

 

Est-ce raisonnable, ou prématuré, d’envisager une récession à ce stade?

Selon le bureau du chef des placements de la Banque Nationale dans son plus récent rapport au 1er mai, la situation économique s'apparente (pour le moment) plus à une surchauffe qu'à quoi que ce soit d'autre. Certes, les derniers chiffres de PIB américains ont révélé une légère contraction au premier trimestre, mais cela résulte essentiellement d’une forte augmentation des importations, tandis que la demande intérieure est demeurée soutenue. Si rien ne change et que la Fed suit le parcours de hausses actuellement escompté par les marchés, nous nous retrouverons à la frontière du territoire restrictif début 2023. Bien que ce constat appelle à une certaine prudence comme investisseurs, il semble toujours prématuré de parler d'une récession imminente.

 

Il fait peu de doutes que la Fed et la BdC ramèneront minimalement leur taux de référence à 2 % (près de la borne inférieure de l’intervalle neutre) à coup de hausses de 50 points de base (0,50%) d’ici la fin juillet. Elles risquent toutefois d’être plus parcimonieuses par la suite, surtout si l’inflation amorce un atterrissage. Selon nous, la Fed et la BdC n’ont pas besoin d’augmenter les taux de beaucoup pour créer le ralentissement souhaité.

 

De plus, la vigueur des économies nord-américaines indique qu’elles seront en mesure de faire face à ce resserrement monétaire primordial pour la stabilité des prix à long terme. Par exemple, l’imposant excès d’épargne accumulé par les ménages depuis le début de la pandémie (environ 2 700 milliards ou 12% du PIB aux États-Unis) devrait permettre de maintenir un niveau de dépenses de consommation plus qu’acceptable.

 

Certes, la hausse des taux d’intérêt se traduira par un coût du service de la dette supérieur pour plusieurs ménages, mais rappelons qu’en agrégé, celui-ci est près d’un creux historique aux États-Unis. L’endettement est davantage une source de vulnérabilité de notre côté de la frontière, mais son coût en pourcentage du revenu disponible est tout de même à un niveau plus bas qu’avant la pandémie.

 

Conclusion

À la vitesse à laquelle l’inflation aura finalement progressée, le processus de retour à des niveaux plus soutenables ne peut qu’être turbulent et la volatilité observée sur les marchés depuis le début de l’année en est le reflet. Si le portrait demeure plutôt positif en Amérique du Nord, la situation se détériore dans la zone euro et en Chine, aux prises respectivement avec une hausse importante des prix de l’énergie et un nouveau confinement (Chine). Cette divergence s’est d’ailleurs entre autre traduite par une forte appréciation du dollar américain.

 

Comme investisseurs, il faut se demander dans quelle mesure cette incertitude est-elle déjà escomptée par les marchés. Chacun a son opinion, mais soulignons que les ratios cours bénéfice des principaux indices boursiers sont désormais tous sous leur niveau prépandémique et pour la majorité, sous leur moyenne historique. Constat similaire du côté des plus récents sondages sur le sentiment des investisseurs qui montrent un niveau record de pessimisme (bearish) en plus de dix ans. Loin d’être une mauvaise nouvelle, de telles conditions ont souvent démontrées qu’un rebond est à venir, pourvu que l’économie tienne bon…

En ce qui concerne vos portefeuilles et nos stratégies face au contexte

Tôt au début du conflit armé en Ukraine, nous avons pris la décision de retirer tous nos investissements directs en Chine et dans les pays émergents pour réinvestir la majeure partie des sommes libérées au Canada et aux États-Unis dans des indices très larges. Fait à noter, nous ne détenions précédemment aucun investissement en Russie et que très peu en Europe (moins de 1%).

 

Au gré de ces ventes et des rebalancements effectués depuis le début de l’année, nous avons donc augmenté notre pondération en espèces/quasi-espèces. Au moment d’écrire ces lignes, aucun de nos modèles réguliers ne détient plus de 60% en titres de participation (actions) et chacun détient environ 10% ou plus de ses actifs en espèces/quasi-espèces, et ce, prêt à être redéployé. Ce faisant, sous réserve de l'évolution des marchés et de la crise géopolitique, nous nous considérons actuellement plus enclin à saisir les opportunités se présentant à nous, qu’en mode liquidation.

 

Outre Tesla qui fait toujours partie de nos titres privilégiés, de même que quelques titres en immobiliers, la majeure partie de votre allocation en actions restantes est donc majoritairement composée de grands indices boursiers comme le TSX 60 ou le S&P500. Dans le cas de TSLA, le titre demeure particulièrement bien positionné face à la transition énergétique et à la hausse actuelle des prix du carburant. Concernant les indices américains et canadiens susmentionnés, nous jugeons pertinent de rappeler que ceux-ci vous exposent à plusieurs grands noms de diverses industries, dont :

 

Nous pouvons vous fournir une liste plus détaillée de ces positions indirectes dans lesquelles vous êtes investies par le biais de nos fonds négociés en bourse (FNB). L’essentiel de notre message est de mieux vous démontrer que la portion actions de vos portefeuilles est investie en quasi-totalité dans de grandes entreprises, de grande qualité et toutes leaders de leur industrie.

 

Finalement, il faut toutefois reconnaître que nous avons manqué de conviction au début du conflit armé pour investir dans le secteur pétrolier, ce qui apparaît aujourd’hui avoir été une opportunité d’investissement facile. Avec du recul, cette commodité demeure une classe d’actif volatile qui mérite que nous en poursuivions une réévaluation neutre.

Afin de discuter de ce courriel ou pour en apprendre davantage sur les changements qui ont été effectués dans notre modèle, n’hésitez pas à communiquer avec nous.

Il en va de même si vous éprouvez actuellement des craintes et des questionnements sur l’environnement économique actuel et que vous aimeriez en discuter avec nous.

 

P.S. Complément d’information

Bien que tous les médias abordent déjà allégrement ces sujets, voici quelques liens additionnels vous dirigeant vers des articles en français qui pourraient aider à vulgariser certains points abordés ici :

Warren Buffett en profite pour acheter - Denis Lalonde, chef de l'information chez Les Affaires.

https://www.lesaffaires.com/blogues/denis-lalonde/bourse-le-temps-d-imiter-warren-buffett/632883

L'inversion de la courbe n'est pas signe de récession – Morningstar.

https://www.lesaffaires.com/mes-finances/planification/acheter-ou-vendre-que-doivent-faire-les-investisseurs/632916

Pas de récession en vue, ni de stagflation - Pierre Cléroux, vice-président à la recherche et économiste en chef de la Banque de développement du Canada.

https://www.lesaffaires.com/blogues/pierre-cleroux/pas-de-recession-en-vue-ni-de-stagflation/632579

Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine (FBNGP) est une division de la Financière Banque Nationale inc. (FBN) et une marque de commerce appartenant à la Banque Nationale du Canada (BNC) utilisée sous licence par la FBN. FBN est membre de l’organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) et du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE) et est une filiale en propriété exclusive de la BNC, qui est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA : TSX).

Les opinions exprimées ici sont celles de l'auteur à la date de publication et sont susceptibles d'évoluer sans préavis. Chaque équipe de gestion de portefeuille peut avoir des points de vue divergents et prendre des décisions d'investissements différentes pour divers clients. La Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine (FBNGP), par l'entremise de son stratège en chef Stéphane Marion, propose un point de vue différent. Voici sa dernière évaluation de la situation  https://www.fbngp.ca/documentation/publications-financieres.html  (voir l’Hebdo économique).

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