Cela fait déjà plus d’un an que nous sommes en pandémie et ce fut
sans équivoque une année éprouvante pour la majorité d’entre nous.
D’un point de vue financier, la dernière année aura été une des plus
mouvementées de l’histoire et nous tenons sincèrement à vous remercier
pour votre confiance et votre complicité, sans quoi nous n’aurions
assurément pas réussi à nous adapter aussi adéquatement!
Parlant d’adaptabilité, une des tendances avec laquelle nous devrons
apprendre à vivre avec dans le futur semble être la volatilité accrue
des marchés. Ces variations court terme de plus en plus sévères, tant
à la hausse qu’à la baisse, se produisent plus rapidement, plus
fréquemment et sans réelle prédictibilité. Plusieurs phénomènes
peuvent expliquer cette nouvelle tendance, comme l’utilisation
davantage répandue d’algorithme et d’intelligence artificielle en
matière de négociation de titres boursiers. Une autre explication
provient du fait qu’avec le confinement, les technologies et les
nouvelles applications mobiles, un plus grand nombre de personnes ont
accès aux marchés boursiers pour transiger eux-mêmes de n’importe où
et souvent impulsivement. Nous avons pu saisir l’ampleur du phénomène
récemment lors de la saga GameStop et du forum de discussion Reddit et r/wallstreetbets.
Bien que cette volatilité accrue puisse inciter certains à vouloir
spéculer sur du court terme, nous tenons à rappeler que notre
stratégie d’investissement demeure axée sur le long terme et que nous
jugeons rarement opportun de quitter un bon placement long terme pour
une spéculation court terme.
Nous gardons toujours à l’esprit que les actifs que vous nous
confiez sont, pour l’essentiel, votre principal patrimoine et que
celui-ci se doit d’être géré afin de traverser vents et marées. Dans
cet esprit, lorsque nous investissons dans une entreprise par
l’entremise de ses actions, nous le faisons avec la même vision long
terme que si nous achetions l’entièreté de l’entreprise pour la
détenir concrètement. Nos réflexions se définissent par une approche descendante (top down en
anglais), où nous débutons d’abord par un examen approfondi des
données et des
tendances macroéconomiques (masse monétaire, inflation,
taux d’intérêt et sa résultante sur la croissance économique) afin
d’ensuite déterminer
les catégories d’actifs, les
régions ainsi que les
secteurs qui seront les plus susceptibles, selon nous,
d’offrir le meilleur rapport risque/rendement.
Comme nous l’avions écrit en avril 2020, à notre avis, un des plus
importants catalyseurs de la tendance économique post Covid réside
dans la capacité et le désir accru des diverses banques centrales de
faire tourner la planche à billets pour subvenir aux ambitions
des instances gouvernementales et ainsi leur permettre de stimuler
leur économie face aux multiples défis auxquelles elles sont
confrontées. Cette réflexion économique post Covid contraste avec
notre interprétation de la dernière décennie. Selon nous, s’il était
risqué, voire impossible pour un pays souverain d’émettre de la
nouvelle monnaie en trop grande quantité pour stimuler son économie
avant la crise, et ce, de crainte de voir sa monnaie être dévaluée, il
en est significativement moins le cas actuellement.
En nos mots, comme la crise actuelle est planétaire, l’ensemble des
banques centrales de tous les pays semblent convenir (officieusement)
d’émettre simultanément plus de nouvelle monnaie pour financer
leur relance économique. Cette façon de faire qui autrefois aurait été
dommageable pour leur économie s’effectue aujourd’hui sans grands
impacts apparents, puisqu’elles le font toutes en même temps!
Toujours dans cet esprit visant à vous aider à mieux figurer la
métamorphose structurelle que nous percevons dans l’économie post
Covid, nous portons à votre attention qu’au cours des dernières
décennies, les banques centrales ont principalement stimulé leur
économie par des baisses de taux d’intérêt. Comme les taux avoisinent aujourd’hui les zéros, il
devient évident qu’ils n’auront plus le même rôle dans les années à
venir. Nous pensons que le moteur le plus puissant de l'économie sera
majoritairement les dépenses gouvernementales, d’où les fonds
proviendront en grande partie par l’émission de nouvelle dette
financée à très faible taux par les banques centrales. En ce sens, les
gouvernements canadiens et américains, ainsi que bien d’autres dans le
monde, ont clairement énoncé leurs couleurs et celles-ci convergent
vers les principes de sauvegarde de l’environnement, de l’équité
sociale, du renouvèlement des infrastructures et de la sécurisation de
la chaine d’approvisionnement en biens jugés essentiels. À titre
d’exemple, le gouvernement canadien a déjà annoncé le 4 mars dernier
qu’il investira 2,75 milliards de dollars sur cinq ans
pour aider les municipalités à se doter d’autobus électriques tant
pour le transport collectif que pour le transport scolaire. De l’autre
côté de la frontière, le gouvernement américain s’engage dans un plan de relance 1 900 milliards de dollars US
approuvés par le congrès début mars en plus d’un nouveau plan supplémentaire de 2 000 milliards de dollars US
visant les infrastructures.
Cette réflexion est d’ailleurs appuyée par certains joueurs
influents, comme dans cet article paru le 7 avril 2021 où Jamie Dimon
(le PDG de longue date de JP Morgan Chase) affirme : « Je suis
convaincu qu'avec l’excès d'épargne actuel des ménages, des nouveaux
chèques d’aides, des dépenses déficitaires énormes, plus de QE
(assouplissement monétaire), d’un nouveau projet de loi potentiel
sur les dépenses en infrastructures, d’un vaccin efficace et de
l’euphorie reliée à la lumière au bout du tunnel pandémique,
l'économie américaine va probablement connaître un boom. Ce boom
pourrait facilement se prolonger jusqu'en 2023, car toutes ces
dépenses pourraient s'étendre jusqu'à au moins 2023. » - traduit
de l’anglais.
Alors que Dimon qualifie les valorisations boursières d’ « assez
élevées », il déclare cependant qu'un boom pluriannuel pourrait
justifier ces valorisations.
S’il peut sembler inquiétant de voir les dettes souveraines de
plusieurs pays atteindre de nouveaux sommets, gardons à l'esprit
qu'une dette massive à des taux d'intérêt quasi nuls croît moins vite
qu’une dette moindre à taux d’intérêt élevé! Pour vous aider
visualiser ce concept, nous vous partageons ce vidéo réalisé par Le
Monde (11min) : Pourquoi la dette publique n'est pas un problème
(pour l'instant). L'enjeu le plus important des banques
centrales devant ce scénario sera leur capacité et leur volonté à
maintenir ces taux bas. La raison est que, règle générale, des taux
d’intérêt maintenus artificiellement bas finissent par créer des
pressions inflationnistes. Bien que rien n’est immuable, nous pensons
néanmoins que les pays aux monnaies fortes ont la capacité de
maintenir leur taux bas, d’autant plus que de l'aveu du président de
la FED et de ses comparses, ces derniers pourraient tolérer une hausse des prix
supérieure à 2 % pendant quelque temps sans pour autant relever
immédiatement les taux d’intérêt.
En conclusion et toujours comme nous l’avions écrit en avril
2020 : « dans la mesure où les banques centrales, sous prétexte
de crise sanitaire, de ralentissement économique ou d’urgence
environnementale, s’octroient une latitude quasi infinie pour
créer de la monnaie pour s’assurer d’atteindre leurs objectifs, il
devient probable que
le risque le plus grand pour l’investisseur ne soit plus la
faillite du système, mais plutôt l’inflation! Si les banques
centrales impriment à profusion pour ainsi maintenir
artificiellement les taux d’intérêt très bas, il n’y a pas pires
actifs à conserver à long terme que de l’argent liquide ou investi
à un taux inférieur à l’inflation. »
Concrètement pour vos portefeuilles, et ce, dans les limites de
vos profils d’investisseur respectifs, nous jugeons inopportun
d’investir votre capital à long terme dans une dette d’État qui
rémunère son détenteur à un taux moindre que l’inflation. Sans les
exclure totalement, nous prenons également garde aux obligations
d’entreprises publiques qui en l’absence de compétitions, bénéficient
de taux de financement elles aussi trop bas pour bien en rémunérer le
risque. Nous émettons le constat que dans le revenu fixe, il ne reste
pour l’instant guère de choix autre de la dette d’entreprise publique
et privée de moindre ampleur qui nous rémunère plus adéquatement pour
le risque encouru. Précisons également que dans ce contexte, nous
favoriserons les échéances de courte durée.
Du côté des actions, sans excès de concentration et toujours
dans les limites de vos profils d’investisseur respectifs,
nous privilégierons les secteurs qui profiteront de l’inflation et de
la manne gouvernementale (infrastructures, énergies vertes et
nouvelles chaînes d'approvisionnement).
Si l’analyse que nous avions écrite en avril 2020 est toujours
d’actualité, nous sommes conscients que de tenter d’évaluer les
tendances à long terme dans un monde en perpétuel changement est
risqué. Nous gardons donc toujours à l'esprit que rien n'est immuable
et qu’une constante vigilance ainsi qu’une constante remise en
question de notre analyse est requise en regard au développement
macroéconomique, politique, géopolitique et tout autre.