Avec plus de la moitié de l’humanité toujours en confinement,
l’ampleur du ralentissement économique actuel est sans précédent…
Selon nous, s’il n’en avait été de l’intervention rapide et massive de
nos gouvernements, les conséquences de la crise actuelle se
rapprocheraient de celle de la grande dépression de 1929.
Dans ce contexte, peut-on en vouloir à nos instances
gouvernementales de dépenser sans compter pour éviter le pire ?
Cet ouvrage tend à démontrer que les règles du jeu changent et
s’interroge sur les conséquences et répercussions de cet afflux
d’argent sur l’après-crise.
L’une des leçons que nous pouvons déjà tirer de cet influx monétaire
massif est qu'il n'y a plus de limites à l'action des banques
centrales. Autrement dit, il n’y a plus de limites à se montrer
créatif pour sortir l’économie du trouble. Comme lors d’un de nos
derniers courriels, nous avons joint un texte supplémentaire en p. j.
pour approfondir les sujets de « créativité et d’expansion du bilan
d’une banque centrale ».
Il est important de faire la distinction entre les pouvoirs et les
responsabilités d’une banque centrale versus ceux d’un gouvernement élu.
Si une banque centrale a (normalement) certains pouvoirs et
responsabilités, dont celui « d’imprimer de la monnaie » en quantité
raisonnable en plus d’un pouvoir discrétionnaire sur les taux
d’intérêt dans le but favoriser la stabilité à long terme du marché
financier d’un pays, il en est tout autre pour les
gouvernements. En effet, un gouvernement n’a pas (normalement) les
mêmes pouvoirs et donc ne peut pas (normalement) faire ce que la
banque centrale a la responsabilité de faire.
Il en est ainsi (normalement) pour éviter que les envies à court
terme d’un gouvernement élu ne viennent déstabiliser la santé
financière d’un pays à long terme. Gardons à l’esprit qu’un
gouvernement ne peut pas directement imprimer de l’argent pour couvrir
ses dépenses. Il se doit de l’emprunter et qui dit emprunt, dit taux
d’intérêt et date d’échéance.
Pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, le président des
États-Unis, M. Trump, ne fait pas les choses comme ses prédécesseurs!
😉 Blague à part, à mainte reprise ce dernier a fortement incité (voir
dicté) à la FED (banque centrale américaine) d’abaisser les taux
d’intérêts américains, et ce, dans le but de permettre à son
gouvernement de se financer à meilleur coût et donc de lui permettre
d’emprunter potentiellement encore plus.
Dans cette introduction, nous ne remettons pas en question la
capacité des banques centrales à maintenir les taux d’intérêt près de
0% ; nous le tenons pour acquis!
Vous noterez qu’à maintes reprises nous avons utilisé le mot
(normalement) entre parenthèses pour signifier que la « normalité » a
radicalement changé depuis peu. Dans les faits et de façons
officieuses, cette normalité a changé le jour de l’élection de M.
Trump, selon nous. Son style de gestion frôlant l’intimidation; prêt à
éjecter tout administrateur public qui ne répond pas à ses critères a
fini par mettre au pas des instances sensées être objectives et sans
partisaneries politiques comme la FED.
L’arrivée de crise sanitaire actuelle pousse encore plus les banques
centrales à se dénouer les mains. Dans un discours de Monsieur Jerome Powell, président de
la FED, le 9 avril dernier, ce dernier a déclaré que :
« Le rôle de la banque centrale dépasse désormais le seul
maintien de la liquidité et du bon fonctionnement des marchés, et
qu'il consiste aussi à assurer aux États-Unis qu'il dispose des
moyens économiques et financiers de faire face à l'urgence sanitaire. »
[…]
« Nous continuerons à utiliser ces capacités avec force, de
manière proactive et agressive, jusqu'à ce que nous ayons la
conviction d'être solidement engagés sur la voie de la
reprise », a-t-il ajouté.
Dans ce contexte, il nous faut reconnaître que les règles ont
radicalement changé et que nous vivrons dorénavant dans un modèle
économique où les gouvernements, avec l’aide de leur banque centrale,
vont user plus que jamais de tous leurs outils pour maintenir
artificiellement les taux d’intérêt très bas et ainsi s’assurer
d’offrir un accès illimité, au crédit du gouvernement en place. Il
n’est pas exclu non plus que de nouveaux outils, encore jamais vus,
soient créés pour assouvir ce désir.
À ce stade, nous pensons pouvoir prédire qu’il y aura
certainement un avant et une après-crise.
Dans la mesure où les banques centrales, sous prétexte de crise
sanitaire, de ralentissement économique ou d’urgence environnementale,
s’octroient une latitude quasi infinie pour créer de la monnaie pour
s’assurer d’atteindre leurs objectifs, il devient probable que
le risque le plus grand pour l’investisseur ne soit plus la
faillite du système, mais plutôt l’inflation!
Pour comprendre notre raisonnement, il faut se placer dans la peau
d’un investisseur qui réalise et accepte le principe suivant : les
gouvernements auront un accès quasi infini à des emprunts très peu
coûteux, de par le fait que les taux d’intérêt sont désormais proches
de 0% et surtout que leur banque centrale acceptera de créer de la
nouvelle monnaie pour lui acheter cette dette.
En tant qu’investisseur, quelle valeur donnerez-vous à une monnaie
si sa banque centrale en crée de la nouvelle sans grande retenue ?
Quelle proportion de vos actifs serez-vous disposés à investir dans
une obligation gouvernementale qui rapportera aux environs de 0% ?
Poser la question revient à y répondre.
Les investisseurs chercheront à acquérir d’autres types
d’actifs, qui idéalement auront la capacité de générer des revenus
fiables et indexés à l’inflation. Par exemple, des actifs réels comme
des immeubles, de l’infrastructure, ou tout autre actif ayant la
capacité actuelle (ou future) de générer un revenu supérieur à
l’inflation, ce qui inclut les actions de qualité.
Si ce que nous venons de décrire se produit, il est probable que les
actifs les plus recherchés prennent de la valeur, le tout engendré par
une liquidité et une demande accrue dans le marché. Notons que ce ne
sera pas tous les actifs qui seront impactés de la même façon, d’où
l’importance pour nous de savoir séparer le bon grain de l’ivraie.
Pour ceux qui s’inquiètent du volume astronomique de dette qui
résultera de cette crise, sachez que c’est l’inflation elle-même qui
sera le meilleur, voire le seul, outil efficace pour la « banaliser ».
Toutefois, cette réalité n'est possible que dans la mesure
où l'inflation croît plus rapidement que la dette.
Ce courriel ne prétend pas prédire l’avenir avec certitude et une
grosse mise en garde en bas de page vous rappellera que ceci n’est que
notre point de vue. Mais si vous pensez comme nous que les taux
d’intérêt seront contraints de rester très bas, très longtemps, nous
espérons vous avoir apporté des outils de réflexion utiles!! C’est le
principal objectif de ce genre de courriel.
Concrètement pour vos portefeuilles, cela veut dire que nous avons
un biais défavorable envers les dettes d’État à long terme et un plus
favorable envers les sociétés immobilières et les actifs
tangibles qui ont la vertu de croître avec l’inflation. Le
contexte actuel de crise lié à la COVID-19 ébranle les marchés, crée
de l’incertitude à court terme et laissera assurément de lourdes
séquelles sur l’économie et la société. Mais à long terme,
il nous apparaît que l’inflation est le plus important risque
contre lequel nous devons nous prémunir.