Perspectives 2022

17 janvier 2022, par Francis Gagné

Bonjour,

 

En premier lieu, toute l’équipe vous réitère ses vœux pour la nouvelle année.

Nous saisissions l’occasion de ce courriel pour vous présenter un bref résumé de nos perspectives personnelles à propos des marchés au niveau de la prochaine année.

 

Inflation et hausse de taux

Comme nous l'écrivions dans nos textes d’avril 2020 (cliquez ici pour revenir à notre section Médias & Publications), l’accroissement massif de la masse monétaire par les Banques Centrales aura eu comme effet d’augmenter le niveau d’inflation des biens et services consommés. Toutefois, nous considérons que, si une forte inflation est néfaste pour une économie prise indépendamment, celle-ci l’est moins lorsqu’elle est généralisée. Il faut mentionner que l'inflation se doit d’être vue comme un moindre mal face à des maux bien pires, tels que la déflation (voir les effets de la déflation en cliquant ici) ou un ralentissement économique majeur.

Même si les règles du passé stipulent qu’une Banque Centrale devrait hausser ses taux d'intérêt pour tenter de maîtriser l’inflation lorsque celle-ci est au-delà de sa cible habituelle, notre interprétation du contexte actuel nous porte à croire que les hausses à venir seront peut-être moindres que ce qui est actuellement anticipé par divers intervenants. La principale raison est qu’ il y a tout simplement trop de dettes!

Toute hausse de taux « exagérée » affecterait négativement la capacité de payer de plusieurs acteurs économiques de la société et aurait aussi comme impact d’augmenter le poids de cette dette dans le pouvoir d’achat des gens, ce qui est une forme d’inflation en soi. À titre d'exemple, votre municipalité profite des faibles taux actuels pour boucler son budget et toute hausse de taux se répercuterait sur votre compte de taxes, créant ainsi de l'inflation.

Sans ignorer le fait qu'il y aura des hausses de taux, nous pensons simplement que celles-ci ne seront pas abusives. Mathématiquement, les taux fédéraux canadien et américain actuels étant à 0,25%, quand bien même ceux-ci montreraient de 1% ou 2%, ils resteront fort probablement inférieurs à l'inflation. Ce faisant, tout investisseur et gestionnaire de portefeuille sera confronté au douloureux choix d’investir dans une obligation gouvernementale rapportant moins que l’inflation ou de regarder ailleurs pour investir et tenter d’atteindre ses objectifs de rendement supérieur à l'inflation. (Cliquez ici pour être redirigé sur un écrit intéressant concernant les CPG)

 

Le marché anticipe une hausse de taux qui donnerait le coup d’envoi à un premier cycle de resserrement depuis les cinq dernières années. Par le passé et tel qu’illustré dans le tableau 6 ci-bas, les actions américaines se sont plus ou moins bien comportées durant les trois premiers mois suivant une première hausse de taux par la Fed (Banque Centrale américaine) en enregistrant une perte moyenne de -1,9%. Toutefois, l’indice s’est ensuite montré positif en dégageant un rendement moyen de +7,5% au cours de 12 mois subséquents (voir les deux tableaux ci-bas).

 

Biais favorable envers la technologie et l’innovation

Pour contrer l'inflation sans risquer de pousser l'économie en récession, les solutions sont rares et devront selon nous, passer par les gains de productivité. Lorsque les salaires ainsi que les charges d'intérêts d’une entreprise augmentent, celle-ci n'a plus vraiment d’autre choix que d'investir en robotique, en intelligence artificielle, en logiciels ou en tout autre outil qui lui permettra de produire ses biens/services à moindre coût. En ce sens, l'investissement massif en technologie pour une entreprise, comme pour un pays, ne sera pas un choix, mais une obligation pour tenter de survivre face à cette nouvelle réalité.

 

De plus, il est difficile de passer sous silence le chaos qui règne actuellement au niveau des chaînes d’approvisionnement mondiales. Nous pensons qu’une transformation majeure est en cours et s’étendra sur les prochaines années, voire même la prochaine décennie. Les entreprises se hâtent de rapatrier de façon durable et efficace leur chaine de production afin de leur permettre de gagner en contrôle, en qualité et en productivité sur leurs opérations. Autrement dit, les entreprises d’ici miseront encore plus qu’avant sur la technologie pour produire en leur sol.

Positionnement envers la Chine

La Chine compose 16,4 % du PIB mondial, 16,1% de la capitalisation boursière du monde et 21,3 % des revenus mondiaux. Ce faisant, l’économie chinoise est devenue en moins de deux décennies la 2e force économique de la planète. Pour ces quelques raisons, le positionnement de nos investissements ne peut l'ignorer.

Notre interprétation géopolitique nous amène à conclure que la forte croissance chinoise titille l’actuelle suprématie américaine, les incitant plus que jamais à ne pas ralentir la cadence face à cette nouvelle puissance économique. Le 14ème plan quinquennal chinois est clair, la Chine souhaite entre autres s’affranchir de sa dépendance face aux technologies étrangères et compte intervenir politiquement pour atteindre cet objectif et favoriser les domaines de l’intelligence artificielle, des ordinateurs quantiques, de la robotique, de la génomique, de la 5G, etc. Le pays qui réussira à prendre des positions dominantes dans ces secteurs gagnera un avantage concurrentiel hors norme.

Selon notre interprétation, et ce, malgré certaines périodes délicates comme la guerre froide avec l'ancienne URSS, c'est la toute première fois depuis plus d’un siècle que les États-Unis craignent de perdre leur premier rang au classement des puissances économiques mondiales. Au même titre que les guerres physiques du passé ont eu tendance à stimuler l’économie et l’industrialisation, la guerre économique et intellectuelle entamée entre la Chine et les USA devrait selon nous provoquer une surenchère de programmes interventionnismes pour devenir (ou rester) la première au classement. Nous sommes d'avis que des programmes de relance et de stimulus économiques tels que le plan d’intervention économique du Canada (cliquez ici pour en savoir davantage sur ce plan) ou ceux des États-Unis (cliquez ici pour en savoir davantage sur ce plan) ne sont que le début d'une longue série d’interventions. Si les programmes récents ont eu comme étiquette de combattre les effets de la crise sanitaire, les prochains auront pour thème des sujets comme : l’atteinte de la neutralité carbone ou l’amélioration de la chaîne d’approvisionnement nationale.

 

Conclusion

Les trois éléments que nous venons d'aborder sont, à nos yeux, de puissants moteurs économiques à moyen et long terme et nous restons persuadés que les gains de productivité générés par une démocratisation massive des nouvelles technologies permettront de contenir l'inflation sous des seuils acceptables et d’ainsi maintenir les taux d’intérêt relativement bas.

 

Par le fait même, en l’absence de taux d’intérêt intéressants et du manque de concurrence des marchés obligataires, de nombreux investisseurs particuliers et institutionnels soucieux d'assurer leur retraite et la pérennité de leur régime de pension devront se tourner vers les actifs plus risqués comme la bourse afin d’espérer générer un rendement net satisfaisant. À ce sujet, une statistique intéressante mise en lumière dans un récent rapport de la Bank of America démontre qu’il n’y a jamais eu autant de liquidités injectées dans le marché boursier. Le total de 2021 excède celui des 19 dernières années combinées!

Nous sommes conscients que les marchés boursiers sont considérés comme étant « chers / surévalués » sous certains critères, mais l'interprétation que nous faisons des forces en présence sont telles que cette valorisation nous apparait justifiée. Selon nous, toutes baisses des marchés devraient être perçues comme une belle occasion d'acquérir plus d’excellentes entreprises.

Pour terminer, nous rappelons que l'opinion que nous venons de vous partager est exclusivement celle de l’Équipe Francis Gagné et que tout autre intervenant de l’industrie pourrait en avoir une différente! 

 

Information complémentaire sur le 14ème plan quinquennal Chinois et son programme Made in China 2025 :

https://youtube.com/watch?v=-dHXmJa8vRo&feature=share

https://youtube.com/watch?v=03_sWzaXaHo&feature=share

https://ccbc.com/wp-content/uploads/2021/05/Le-14e-Plan-quinquennal-de-la-Chine-rapport-sommaire-2021.pdf

https://www.letemps.ch/video/economie/china-2025-lirresistible-ambition-economique

https://www.france24.com/fr/video/20190131-made-in-china-2025-le-plan-fait-peur-etats-unis

 

Bien que nous nous étions promis de rester le plus bref possible, forcé d’admettre qu’il fût difficile de l’être considérant la complexité des sujets abordés.

N'hésitez pas à nous demander de réaborder les sujets lors de notre rencontre annuelle.

Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine (FBNGP) est une division de la Financière Banque Nationale inc. (FBN) et une marque de commerce appartenant à la Banque Nationale du Canada (BNC) utilisée sous licence par la FBN. FBN est membre de l’organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) et du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE) et est une filiale en propriété exclusive de la BNC, qui est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA : TSX).

Les opinions exprimées ici sont celles de l'auteur à la date de publication et sont susceptibles d'évoluer sans préavis. Chaque équipe de gestion de portefeuille peut avoir des points de vue divergents et prendre des décisions d'investissements différentes pour divers clients. La Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine (FBNGP), par l'entremise de son stratège en chef Stéphane Marion, propose un point de vue différent. Voici sa dernière évaluation de la situation https://www.fbngp.ca/documentation/publications-financieres.html (voir l’Hebdo économique).

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