Pourquoi les marchés boursiers sont-ils, en apparence, autant déconnectés de l'économie mondiale en récession? 

2 juillet 2020, par Francis Gagné

Ces jours-ci, une question nous est fréquemment posée : « Pourquoi les marchés boursiers sont-ils, en apparence, autant déconnectés de l'économie mondiale en récession? » Si nous reconnaissons que le rebond boursier s’opérant depuis le creux du mois de mars est spectaculaire en apparence, l’expression « marchés boursiers » manque de précision.

Prenons exemple sur l’indice boursier américain S&P 500 qui, comme son nom le laisse sous-entendre, est un regroupement de 500 grandes sociétés américaines cotées sur les bourses aux États-Unis (NYSE ou NASDAQ). Plusieurs personnes s’y réfèrent lorsqu’ils parlent du « marché boursier américain ». Clarifions que, bien que l’indice soit composé de 11 secteurs différents renfermant des industries spécifiques à chacun, tous n’ont pas le même poids dans l’indice. En effet, le calcul du S&P 500 se fait en pondérant la valeur de la société sur la valeur totale de toutes les sociétés de l’indice. La résultante est que celui-ci est non représentatif du marché boursier dans son ensemble puisque, comme nous pouvons le constater sur le tableau du 26 juin 2020 ci-contre, 25% de son poids est la résultante de 6 mégacompagnies seulement. Facebook, Amazon, Apple, Netflix, Google et Microsoft. 

Ces six titres, ainsi que d’autres provenant de secteurs/industries axés sur les technologies et l’innovation ont vu la pandémie et le confinement que nous vivons encore aujourd’hui agir comme accélérateur pour leur modèle d’affaires.

À l’opposé, la presque totalité des secteurs auront été fortement impactées par la récession! Pensez aux compagnies aériennes : Delta (-53%), Southwest (-38%), United (-62%) / Aux compagnies de tourisme : Expedia (-22%), Carnival Cruise Line (-69%), Norwegian Cruise Line (-72%), Marriott (-42%) / Aux industriels : Boeing (-44%), GE (-38%) / Aux restaurateurs et autres : MTY (-60%), Molson Coors (-35%), Starbucks (-16%)… Ce ne sont que quelques exemples de noms connus.

Voici d’ailleurs les performances des différents secteurs du S&P 500 au 1er juillet 2020 :

Le fait est que l’expression « marchés boursiers » amalgame ces deux types d’entreprises.
Les gagnants de cette crise valant pour beaucoup en termes de poids dans le rendement final de l’indice, c’est ce qui porte à croire que « les marchés » sont bons.

 

 

Un second facteur vient aussi beaucoup influencer l’évaluation des marchés boursiers! Nous entendons de plus en plus parler de l’acronyme TINA pour « There is No Alternative » ou en français « il n'y a pas d'alternative ». Ce phénomène relève du fait que les banques, les « hedge funds », les gestionnaires de portefeuilles, etc. ont tous besoin de générer du rendement à leur client et le marché obligataire n’offre plus de rendement, voire même de sécurité. 

Mentionnions aussi que les obligations sont actuellement plus chères que les actions. Afin de garantir une liquidité, les Banques Centrales mondiales achètent les obligations aux banques pour leur permettre de libérer des liquidités à prêter aux ménages et aux entreprises. Elles font alors monter le prix de ces obligations et baisser les taux d'intérêt qui leur sont associés.

 

Les obligations 10 ans des États-Unis n'offrent actuellement qu'un rendement de 0,6% alors que le rendement du S&P500 est de 2% environ (les entreprises continuent à verser des dividendes). Autre exemple, les bons du Trésor 10 ans de l'Allemagne offrent des rendements négatifs (-0,45%) et les obligations de qualité émises par des États et des entreprises solvables ne rapportent plus rien. ll faut donc se tourner vers les actions et de la dette de mauvaise qualité dite « High Yield » pour trouver du rendement. 

Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine (FBNGP) est une division de la Financière Banque Nationale inc. (FBN) et une marque de commerce appartenant à la Banque Nationale du Canada (BNC) utilisée sous licence par la FBN. FBN est membre de l’organisme canadien de réglementation du commerce des valeurs mobilières (OCRCVM) et du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE) et est une filiale en propriété exclusive de la BNC, qui est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA : TSX).

Les opinions exprimées ici sont celles de l'auteur à la date de publication et sont susceptibles d'évoluer sans préavis. Chaque équipe de gestion de portefeuille peut avoir des points de vue divergents et prendre des décisions d'investissements différentes pour divers clients. La Financière Banque Nationale – Gestion de patrimoine (FBNGP), par l'entremise de son stratège en chef Stéphane Marion, propose un point de vue différent. Voici sa dernière évaluation de la situation https://www.fbngp.ca/documentation/publications-financieres.html (voir l’Hebdo économique).

 

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