Situation actuelle et évaluation des marchés face à la Covid-19

2 avril 2020, par Francis Gagné

Notre perception de la situation actuelle

La fenêtre d'opportunité pour nous permettre d’acheter des actions à rabais est ouverte, mais le creux n’a peut-être pas été encore atteint (nous y reviendrons dans le mot de la fin). Cette fenêtre commencera à se fermer lorsque les investisseurs verront une lumière au bout du tunnel.

   1. La propagation virale nord-américaine, surtout aux États-Unis, doit commencer à ralentir afin de pouvoir comprendre l'impact économique final du virus et des efforts de confinement.

   2. Il doit y avoir des preuves que les mesures extraordinaires prises par les gouvernements pour soutenir l'économie sont suffisantes. Bien que la volonté d'utiliser tous les outils à leur disposition est claire, seul le temps nous démontrera à quels points ces actions parviendront à limiter les défaillances, les fermetures d'entreprises, les licenciements, etc.

   3. Le sentiment et le positionnement des investisseurs face au marché ne sont pas encore au plus bas. Autrement dit, les investisseurs n’ont pas atteint leur seuil de capitulation (voir plus bas le graphique 1). Les analystes de Goldman Sachs aux États-Unis suivent ces points avec un indicateur appelé l’U.S. Equity Sentiment Indicator qui combine neuf mesures du positionnement des investisseurs face aux actions. Ces derniers dénotent qu'il n'a baissé que de 1,4 écart-type, contre des écarts-types compris entre -2 et -3 lors des récentes corrections.

Le retour à la normale (sous une nouvelle normalité) devrait être très bonne pour le marché boursier, mais :

   1. La période de remise en route de l’économie ne se fera que graduellement.

   2. Les habitudes des consommateurs seront assurément différentes de ce qu’elles étaient auparavant.

   3. Il y aura certainement des répercussions de nature politique à prévoir; des élections sont d’ailleurs prévues à l’automne aux États-Unis. Nous pourrions également faire face à une « démondialisation » dans certains secteurs.

• L’impact des mesures d’urgence prises par les gouvernements n’est pas garanti et nous n’en connaissons pas encore les conséquences à long terme.

   1. L’endettement public, corporatif et privé est à des sommets.

   2. Les taux d’intérêt sont déjà près de zéro et la démographie des pays industrialisés joue contre eux (population vieillissante).

   3. Les pays qui sont au pied du mur et qui en ont la capacité feront la seule chose qu’il leur reste de possible de faire, soit de « faire rouler la planche à billets » (cliquez sur le lien pour une courte vidéo explicative).

   4. Il y aura un risque élevé d’hyperinflation ayant comme conséquence de réduire le pouvoir d’achat de la population.

NÉANMOINS, et cela s’aligne directement avec la vision d’investissement que nous avons depuis des années, nous ne voyons pas de scénarios où nous utiliserons moins de technologies qu’avant, bien au contraire.

Le pessimisme pèse lourd

Malgré les récentes baisses de taux d’intérêt et l’injection massive de liquidités promises par nos gouvernements, il y a tout de même une probabilité de faire face à une récession. Des entreprises feront certainement faillite et des citoyens perdront leur emploi. Cette baisse d’activité économique signifie assurément une baisse de profits pour une majeure partie des entreprises. Un profit moindre va normalement de pair avec une évaluation à la baisse de la valeur d’une entreprise et possiblement d’une coupure de son dividende, si elle en verse un. Une baisse des profits peut également signifier que les compagnies diminueront (ou élimineront) à court terme leurs rachats d’actions (stock buy-backs) et n’investiront plus autant dans leurs opérations (dépenses en capital ou CapEx).

Selon Goldman Sachs, près de 50 sociétés américaines ont déjà suspendu les rachats d'actions existantes au cours des dernières semaines, « ce qui représente 190 milliards de dollars de rachats US, soit près de 25 % du total de 2019 ». Or, « les rachats ont représenté la plus grande source de demande d'actions américaines au cours de chacune des dernières années, et nous pensons qu'une plus grande volatilité et des cours en baisse sont parmi les conséquences probables de la réduction des rachats ».

Du côté des dividendes, plusieurs compagnies comme Boeing, Ford, etc. ont déjà agi. Pour l’essentiel, ils disent « suspendre leur dividende dans le but de préserver leur flexibilité financière à la lumière de la situation entourant la pandémie de COVID-19 ». Résultat, le prix de ces actions a touché des creux au moment de l’annonce. Si les profits baissent et qu’une majorité d’entreprises suspendent leur dividende, il est prévisible que les marchés boursiers rechutent à court et moyen terme…

Tout n'est pas perdu!

Tel que mentionné plus haut et dans la mesure où l’attrait pour une devise est suffisamment élevé, rien n’empêche un pays souverain d’emprunter et d’imprimer de l’argent pour stimuler son économie. Cependant, si une monnaie n’est pas suffisamment attirante pour les investisseurs étrangers, l’émission de trop de monnaie fera en sorte que celle-ci se dévaluera et l’inflation augmentera en flèche. Dans l’actuel contexte géopolitique où l’Europe est déchirée dans son union et qu’aucune autre puissance ne fait réellement le poids, le dollar US devrait garder sa suprématie.

Du côté médical, plusieurs traitements sont en train d'être étudiés, comme l'antiviral remdesivir, l'antipaludique chloroquine et son dérivé l'hydroxychloroquine, mais leur efficacité n'est pas encore claire. Les groupes pharmaceutiques et les laboratoires de recherche à travers le monde se sont lancés dans une course contre la montre pour développer traitements et vaccins contre la Covid-19, utilisant une variété de nouvelles technologies.

Sous notre radar

• Nous étions déjà à l’affût de secteurs intéressants, mais trop dispendieux pour le risque encouru. C’est le cas notamment du secteur immobilier qui, s’il est payé au juste prix, reste protégé de l’inflation potentielle. Pour l’instant, nous privilégions une prise de position axée sur le Canada par l’entremise du fonds négocié en bourse RIT.

• Le secteur des infrastructures, par l’entremise de Brookfield https://www.brookfield.com/fr-ca et https://www.brookfield.com/fr-ca/nos-activites/infrastructure sont eux aussi de beaux outils pour espérer générer un dividende fiable.

• Ayant travaillé fort au cours des dernières années pour bâtir des portefeuilles modèles performants qui respectent vos profils d’investisseurs, nous nous concentrerons sur le rebalancement des positions déjà en portefeuille. Nos convictions sectorielles et géographiques persistent ! Nous reviendrons également potentiellement dans certaines positions qui avaient été vendues avant la crise. Ne vous surprenez pas de voir plusieurs achats (ventes) pour le même produit. Nous nous positionnions pour passer à l’action par tranche de 0,5% à 2% pour nous donner la latitude de profiter des meilleurs prix d’entrées comme il est évidemment impossible de connaître l’exact creux de cette crise.

• Les titres de dette corporative, sous forme d’obligations, de débentures et d’actions privilégiées, sont tous aussi sous notre radar pour la portion plus défensive de votre portefeuille.

• Même si plusieurs facteurs portent à croire que le dollar US demeura fort, son évaluation versus le dollar canadien nous pousse à réfléchir à « hedger » nos futures positions en titres américains. Le terme « hedger » signifie d’annuler l’effet des variations des différentes devises.

• Tel que mentionné plus haut, nous sommes persuadés que le secteur des technologies poursuivra sa dominance après la pandémie. En effet, les entreprises restructurent plus que jamais leur façon de travailler en favorisant le télétravail, la collaboration et le partage de fichiers dans le cloud, les téléconférences, et en investissant dans l’infrastructure informatique pour supporter le tout. Il en est de même avec les consommateurs qui consomment maintenant en ligne sur des sites comme Amazon, Wayfair, etc. et qui visionnent leurs émissions et films favoris sur YouTube, Netflix, Disney+ ou Twitch. Par nos investissements en VUN, QQQ et FID5494, QCH, pour ne nommer que ceux-là, nous sommes déjà exposés à des dizaines de ces compagnies.

Le mot de la fin : Prudence!...

Avec un rebond de 10% aux États-Unis (S&P 500) la semaine dernière, la question que se posaient tous les investisseurs était de savoir si « un nouveau marché haussier avait commencé »?

Nous pensons qu'il est dangereux de courir après ce rebond et qu’il est probable que le marché baisse au cours des prochaines semaines. Si on recule dans le temps, ce phénomène s’était également produit lors de la crise financière de 2008 où le marché avait connu 6 hausses entre 9 et 19% chacune, avant que le marché ne reprenne finalement une trajectoire haussière (voir le graphique 2 ci-bas)

Graphique 1

Graphique 2

Les informations contenues aux présentes proviennent de sources que nous jugeons fiables; toutefois nous n’offrons aucune garantie à l’égard de ces informations et elles pourraient s’avérer incomplètes. Les opinions exprimées sont fondées sur notre analyse et notre interprétation de ces informations et elles ne doivent pas être interprétées comme une sollicitation ou une offre visant l’achat ou la vente des titres mentionnés aux présentes. Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de la Financière Banque Nationale.

Les titres ou les secteurs d’investissement mentionnés aux présentes ne conviennent pas à tous les types d’investisseurs. Veuillez consulter votre conseiller en placement afin de vérifier si ces titres ou secteurs conviennent à votre profil d’investisseur et pour avoir des informations complètes, incluant les principaux facteurs de risques, sur ces titres ou secteurs. Le présent document n’est pas une analyse de recherche produite par le Service de recherche de la Financière Banque Nationale.

Financière Banque Nationale est une filiale de la Banque Nationale du Canada. La Banque Nationale du Canada est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA : TSX).Les informations contenues aux présentes proviennent de sources que nous jugeons fiables; toutefois nous n’offrons aucune garantie à l’égard de ces informations et elles pourraient s’avérer incomplètes. Les opinions exprimées sont fondées sur notre analyse et notre interprétation de ces informations et elles ne doivent pas être interprétées comme une sollicitation ou une offre visant l’achat ou la vente des titres mentionnés aux présentes. Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de la Financière Banque Nationale.

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