Bonjour à tous et merci de vous joindre à nous pour votre capsule sur
les perspectives immobilières du jeudi, 28 novembre 2024. Aujourd'hui,
je suis en compagnie de Matthieu Arseneau, salut Matthieu.
Salut Simon.
Et d'Andrée Desrosiers.
Bonjour Simon.
Bienvenue Andrée. Notre sujet du jour, hypothèque à taux fixe ou
hypothèque à taux variable? Lequel est le plus avantageux? Mais avant
d'en parler avec Andrée, discutons tout d'abord avec Matthieu des
récentes données macroéconomiques qui, évidemment, influencent le
marché immobilier. Matthieu, de nombreux événements sont survenus
depuis notre dernière discussion, qui ont un impact évidemment sur les
perspectives économiques. D'abord quelles sont les implications du
balayage républicain aux élections présidentielles américaines pour la
croissance économique, mais aussi pour les taux d'intérêt?
Oui Simon, vraiment, toute une actualité économique au cours des
dernières semaines. L'élection, le balayage républicain a des
implications pour le Canada pour les 4 prochaines années. A amené à un
niveau d'incertitude plus élevé. On a qu'à penser au risque de tarifs,
l'actualité nous l'a montré récemment. Évidemment, des risques aussi
de mouvements migratoires vers le Nord avec les risques ou les menaces
de déportation d'immigrants aux États-Unis. Mais l'élément que je
voulais parler davantage aujourd'hui, c'est beaucoup plus l'impact sur
les taux d'intérêt. Puis ça, il faut que les gens soient conscients.
Ce qui se passe au sud de la frontière a des impacts sur les coûts de
financement au Canada. Je vous montre un graphique pour moi qui est
très parlant. On le sait, on en a déjà parlé, la situation budgétaire
Américaine avec des déficits élevés, mais pourrait être encore plus
élevé si l'on se fie aux promesses de Trump pendant la campagne.
L'université de Pennsylvanie a fait des calculs et nous montre des
déficits en pourcentage du PIB plus près de 8% alors que c'était 6%
qui était anticipé. Donc s’il va de l'avant avec ces promesses là, ça
pourrait signifier un gouvernement qui stimule encore plus l'économie
dans un contexte où la Réserve fédérale tentait de calmer l'économie.
Donc vraiment, on pèse sur l'accélérateur du côté des dépenses ou en
baissant les taxes aux États-Unis et de l'autre côté la Réserve
fédérale, qui tente de calmer l'inflation. Donc ce qu'on observe de
quelque chose d'assez atypique à ce moment ci. C'est la Réserve
fédérale est en mesure de commencer à baisser les taux d'intérêt, 75
points de base jusqu'à présent. Mais les taux 10 ans ont monté depuis
le mois de septembre. Et ce qu'on voit, c'est un contexte où les taux
d'intérêt sont beaucoup plus élevés que lorsque Trump a pris le
pouvoir en 2016. Donc à l'époque il avait un stimulus, il avait
stimulé l'économie, mais là à ce moment-ci, on va avoir une Réserve
fédérale qui pourrait mettre un certain frein à ces dépenses là pour
contenir l'inflation qu'on voit à ce moment ci. Donc on est vraiment
dans un contexte très différent. Mais ce qui est important c'est que
oui, l'économie américaine a peut-être besoin de ces taux plus élevés
là étant donné le contexte économique, mais étant donné les
corrélations de taux d'intérêt à travers le monde, il y a beaucoup de
pays qui ne peuvent pas ou ça serait inapproprié de composer avec ce
relèvement des taux d'intérêt là. Donc, on a la plus grosse économie
mondiale qui monte les taux d'intérêt, mais ça va se refléter sur les
taux d'intérêt mondiaux et peut être un frein pour d'autres économies:
la zone euro, la Chine qui connaît des difficultés à ce moment-là,
puis le Canada aussi, qui montre beaucoup plus de faiblesses.
Donc des impacts importants. Ce que je comprends Matthieu, c'est que
la capacité d'abaisser le taux directeur aux États-Unis semblent
désormais un petit peu plus limité. Qu'en est-il pour le Canada?
En effet, c'est exactement. Les révisions de baisse de taux pour
l'année prochaine ont été révisées à la baisse là, aux États-Unis. Par
contre, le contexte économique, comme je l'ai mentionné, tout à fait
différent quand on regarde, par exemple, le marché du travail. Il y a
une certaine stabilisation du taux de chômage après une augmentation
depuis 2022. Mais quand on regarde la cohorte principale des
travailleurs, les 25 à 54 ans, on voit que le taux de chômage continue
de monter. Et voyez le contraste, la divergence avec les États-Unis.
Donc on se retrouve à ce moment ci à des niveaux similaires à ce qu'on
avait en en 2017 en termes de taux de chômage, quand même
substantiellement plus élevé que ce qu'on avait avant la pandémie.
Donc vraiment, on a une économie refroidie par les taux d'intérêt,
puis ça se reflète sur les pressions inflationnistes intérieurs. Quand
on regarde des économistes qui se passent pour avoir le pouls de
l'inflation domestique, on regarde beaucoup ce qui se passe dans les
services, beaucoup plus corrélés avec les salaires. Aux États-Unis, ça
roule à du 4. 4% dans les services de base, excluant le logement,
c'est seulement 1.3% au Canada. Donc ça se reflète même sur
l'inflation que l'économie, elle a été clairement beaucoup plus
refroidie de ce côté-ci de la frontière par les taux d'intérêt élevés.
Et dans un tel contexte, oui, on pense qu'il faudra que la Banque du
Canada continue de baisser les taux. Et même pour compenser le
relèvement des taux dans la portion longue des taux des taux 5 ans,
les taux 10 ans montent ces dernières semaines. Mais moi, pour moi,
c'est un argument de plus que la Banque du Canada doit peut-être
poursuivre dans cette direction-là à une vitesse importante. Donc pour
nous, même si indirectement l'économie américaine peut bien faire, ça
va avoir un impact sur les exportations en supposant qu’il n’y a pas
de tarif, de l'autre côté c'est clairement le relèvement des coûts de
financement. Nous, à notre avis, la Banque du Canada doit continuer de
ramener les à des taux neutres plus proches de 2%. Évidemment, si on a
le gouvernement fédéral qui commence à faire des transferts aux
ménages comme qui a été annoncé récemment, mais peut être ça va
limiter la marge de manœuvre à la Banque du Canada d'abaisser les taux
aussi bas qu'on le pensait à 2%, peut-être plus du 2.25% 2.50% à la
fin de l'année prochaine. Mais clairement, on a une économie qui a
vraiment besoin de taux d'intérêt plus bas.
Donc situation pas si simple. Le gouvernement a annoncé récemment un
frein supplémentaire sur la croissance de la population canadienne
pour les 3 prochaines années. C'est quoi les implications de cette
nouvelle annonce là sur le marché immobilier?
Et on en a parlé ces dernières— dans les dernières capsules.
Clairement, on est dans une situation de pénurie de logements au
Canada qui perdure là, étant donné la croissance démographique qui est
demeurée très vigoureuse là même au cours du dernier trimestre. Donc
le gouvernement semble— a un peu reconnue que ça va être bien
difficile d'augmenter l'offre pour rétablir rapidement la situation.
Donc dans un tel contexte— puis on avait parlé aussi le taux de
chômage des immigrants qui montait de façon importante, ce n’était
peut-être pas le meilleur contexte pour accueillir des nouveaux
arrivants. Donc une crise du logement avec un marché du travail moins
porteur. Donc oui, gros coup de frein qui a été annoncé, réduire la
présence de résidents non permanents à un rythme plus rapide qu'on
anticipait préalablement. Une diminution de résidents permanents
également qui a été annoncée, ferait en sorte qu'on aurait une
croissance moyenne pour les 3 prochaines années de seulement 0.3%
alors qu'on roulait à du 3% ces 2 dernières années. Ce qui ferait en
sorte de ramener la moyenne mobile 5 ans à peu près au rythme qu'on
avait avant la pandémie qui était un rythme soutenable, puis qui
respectait un peu la capacité d'accueil au pays. Qu'est-ce que ça veut
dire pour les le l'immobilier? Faut pas dire que si c'est une grosse
modération que le marché de l'immobilier va ralentir de façon
importante à nos yeux. On l'a vu pour nous, il y a vraiment une
accumulation de demandes sur les lignes de côté. Les taux d'intérêt
élevés limitaient certains acheteurs. Juste avec une petite
amélioration de l'abordabilité ces derniers trimestres, on a vu un
regain quand même des ventes de maisons ces derniers mois. Ça c'est
intéressant, mais ça vous dit qu'avec ces acheteurs sur les lignes de
côté, on n'est pas trop inquiets qu'il y aura une très grande
faiblesse dans le marché de l'immobilier. C'est beaucoup plus un
retour à la normale ramener des conditions d'abordabilité que ce soit
dans le locatif, que ce soit dans les pour les premiers acheteurs de
maison. Je pense que c'est ça qui va se produire au cours des
prochains mois avec des taux d'intérêt un petit peu plus favorables.
Donc bonne nouvelle. Encore une fois merci beaucoup Matthieu pour
tes commentaires toujours aussi pertinents. Andrée, dans le contexte
de baisse de taux d'intérêt anticipé d'ici la fin d'année et aussi
évidemment pour 2025, est-ce qu'on devrait opter pour un taux fixe ou
un taux variable pour notre hypothèque?
Très bonne question Simon, et effectivement question qui est très
d'actualité. Donc, le choix entre un taux fixe et un taux variable
pour une hypothèque dépend de plusieurs facteurs, surtout dans un
contexte de taux baissiers. Notre tolérance au risque, notre situation
financière et notre vision des tendances économiques à court et moyen
terme sont autant d'éléments à tenir en compte dans notre choix. On
doit d'abord aussi comprendre le contexte du taux baissier. Lorsque le
taux directeur de la Banque du Canada baisse, les banques ajustent
leur taux hypothécaires en conséquence. Les taux variables suivent
généralement ces baisses de taux et peuvent devenir particulièrement
avantageux à court terme. Les taux fixes, quant à eux, bien qu'ils
soient souvent plus élevés que les taux variables au moment de la
souscription, offrent une protection contre une éventuelle hausse
future, mais il faut se rappeler cependant que ceux-ci suivent le taux
d'intérêt des obligations à long terme 10 ans dont parlait justement
Matthieu tout à l'heure et non le taux directeur de la Banque du
Canada. Par conséquent, une baisse d'un quart de point du taux
directeur ne signifie pas nécessairement que les taux fixes vont
baisser d'autant. Il faut donc bien comprendre ce contexte-là avant de
prendre notre décision.
Excellent point, effectivement Andrée, il y a plusieurs personnes
qui pensaient que quand on baisse le taux directeur tous les taux
fluctuent dans la même direction. Cependant comme tu viens de nous
l'expliquer très clairement, ce n’est pas le cas car les taux sont
influencés par des facteurs qui sont distincts.
Cela étant dit, quels sont les avantages de l'un et de l'autre? Si
on regarde du côté du taux variable, bon ben vous devriez considérer
un taux variable si vous pensez que les taux vont continuer à baisser
ou le resteront bas pendant une période prolongée. Même chose si vous
avez une certaine tolérance au risque et vous avez la capacité
financière d'absorber les fluctuations potentielles à la hausse. Aussi
si vous souhaitez profiter de pénalités plus basses advenant le cas
que vous deviez rembourser votre hypothèque parce que les pénalités
sur des taux variables sont moins élevés que sur les taux fixes,
certaines institutions aussi offrent la possibilité de passer à un
taux fixe si les taux augmentent. Du côté des taux fixes, vous
pourriez considérer un taux fixe si vous préférez la stabilité et que
vous souhaitez éviter certaines incertitudes, si vous pensez que les
taux naturellement pourraient remonter à moyen terme et si vous avez
une capacité budgétaire limitée pour venir absorber d'éventuelles
hausses soudaines de vos versements.
Donc encore une fois, Andrée là, le choix ne va pas automatiquement
vers l'un ou vers l'autre. Et ce, même si nous sommes dans un contexte
de taux baissier. Comme tu viens de le dire, on doit s'assurer de
prendre en compte d'autres éléments dans notre décision.
Tout à fait. Simon, il ne faut pas oublier aussi que certaines
institutions financières offrent à leurs clients la possibilité
d'avoir des hypothèques à taux mixtes ou à plusieurs tranches, soit
une partie en taux fixe et une partie à en taux variable. Fait que ça,
ça permet aussi de combiner les avantages de l'un et de l'autre, en
réduisant les risques et en profitant partiellement des baisses de
taux. En résumé, dans un contexte de taux baissier, un taux variable
peut sembler plus avantageux à court terme, mais ça reste un pari sur
la direction future des taux. Si vous êtes confortable avec un peu
d'incertitude, le taux variable peut maximiser vos économies. Par
contre, si vous privilégiez la tranquillité d'esprit, le taux fixe est
une meilleure option. Encore ici, tout dépend de votre profil
financier et de vos objectifs à court et long terme. Pour vous aider
dans votre choix, comme d'habitude, n’hésitez jamais à consulter un
spécialiste hypothécaire qui pourra évaluer votre situation
personnelle et bien vous conseiller dans votre choix.
Merci beaucoup Andrée et j'espère tout le monde que les informations
que tu nous as partagées vont être utiles. Quant à nous, on se reparle
dans quelques semaines pour une prochaine capsule sur les perspectives
immobilières. Merci beaucoup.