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Actualités économiques

Impact économique

Afin de vous éclairer et de stimuler votre réflexion face au contexte actuel, Stéfane Marion et Denis Girouard se penchent sur l’actualité économique et vous partagent leurs perspectives via nos vidéos informatives mensuelles.

Bonjour tout le monde, bienvenue à Impact économique. Aujourd'hui, nous sommes le 20 novembre 2024 et comme à l'habitude, je suis en compagnie de notre chef économiste, Stéfane Marion. Stéfane, on a eu des élections aux États-Unis.

Oui Denis, avec un impact, plein de gens se demandent encore quelles seront les perspectives, que ce soit économique, politique, et cetera. Mais je peux te dire qu'entre temps, les marchés se réjouissent. L'idée que l'élection — en fait la vague rouge qui a déferlé aux États-Unis va amener plus de déréglementation, des baisses d'impôts corporatifs et donc qui devraient soutenir l'économie et donc les marchés, tant aussi bien Denis que toutes les classes d'actifs vont bien. Autre chose, les investisseurs américains, de là la terminologie en anglais ça vient des États-Unis nous disent que pour la prochaine année, on voit encore l'embellie se poursuivre. Donc malgré 60% de gains boursiers en seulement 2 ans, les investisseurs doivent se dire ça devrait se poursuivre encore l'année prochaine. Il y a peut-être certaines nuances à apporter dans les prochaines minutes, mais oui, il y a beaucoup d'anticipations dans encore de meilleures nouvelles à venir.

Ils étaient positifs, ils sont encore plus positifs.

Exactement, nouveau record pour la bourse au niveau mondial.

Mais ce n’est pas la même situation partout dans le monde.

Non, c'est un nouveau regard pour la Bourse mondiale, mais seulement 3 pays qui ont atteint un nouveau record au mois de novembre, Denis: les États-Unis, le Canada et la Hongrie. Donc ce n’est pas tout le monde qui va bénéficier de ce qui se passe. Puis je pense qu’il y a une certaine divergence qui est en train de s'établir. Les gens deviennent plus sélectifs. Puis je pense qu'il va falloir être sélectif au cours de la prochaine année au niveau des régions, des secteurs qui bénéficieront ou non des nouvelles politiques économiques qui seront déployées. Bon avec — c'est à nos portes Denis, ça va commencer dès début 2025.

Effectivement, on voyait que le ratio cours-bénéfices était élevé avant l'élection, mais il est encore plus élevé après l'élection.

Encore plus élevée Denis, puis en fait, je t'amène à quelque chose que à part l'épisode de la COVID, moi j'ai commencé à travailler à la banque en 1999 et à l'époque c'est ça se transigeais avec à 23 fois les bénéfices prospectifs. Puis on pensait que c'était la nouvelle normale, bon après ça, ça s'est révélé que ce n’était pas toujours comme ça. Tout ça pour vous dire que à 23 fois, on est en territoire de valorisation qu'on n'a pas vu en une génération. Donc faut espérer que justement ces changements structurels de politique de déréglementation, baisse d'impôts corporatifs puissent effectivement maintenir les bénéfices des entreprises Denis.

Mais au même moment on voit aussi un changement important dans la courbe de rendement parce qu’on n’avait pas vu depuis très longtemps.

Oui puis j'ai fait exprès pour la mettre celle-là parce que ça va t'interpeller, parce que c'est toi le spécialiste des revenus fixes, t'as fait toute ta carrière là-dessus. Puis j'aimerais attirer que c'est vrai que comme économiste, pourquoi la bourse va bien? Parce que la bourse se dit, la courbe des taux d'intérêt qui était inversée, on en a parlé souvent, normalement ça présage d'un ralentissement économique, non seulement c'est finalement désinversé après près de 2 ans d'inversion, puis elle devient positive. La bourse s'est dit mon Dieu c'est magique, c'est magnifique, j'aurais plus de croissance. Donc la réaction des marchés c'est aussi la réaction à la pentification de la courbe.

C'est ça, on a une courbe qui se pentifie donc qui devient plus positive. Mais au même moment on a des baisses de taux, on ne voit pas ça souvent.

En fait, Denis, je te dirais que ni toi ni moi l'avons vu de notre carrière. Depuis que la Réserve fédérale gère la politique monétaire avec Fed funds, c'est la première fois où la Réserve fédérale baisse les taux de 75 points de base et que les taux 10 ans sont en hausse de près de 80 points de base. Donc on appelle ça une pentification baissière. Denis, c'est difficile à mettre dans tes modèles économiques, ce genre de pentification de la courbe des taux d'intérêt si elle est baissière, avec des taux longs qui montent plus que les taux courts, parce que tu peux pas calibrer ton modèle pour un épisode que tu n'as jamais connu. Or on est un peu dans l'inconnu présentement, donc il y a un marché obligataire qui dit "oui, je pentifie, mais y a des choses qui m'agacent".

Oui ça démontre de l'incertitude dans le marché, forcément, avec des taux à la hausse dans le long terme, ça c'est un signe. Mais en même temps, il y a peut-être aussi le fait que le gouvernement américain va avoir un déficit encore une fois extraordinaire.

En fait inédit, avec un taux de chômage à 4%, on va encore avoir un déficit à 7%, ce qui m'amène une dette cumulée au PIB Denis qui devrait excéder le record précédent qui avait été établi à la fin de la 2e Guerre mondiale alors que les Américains finançaient une guerre mondiale. Donc tout ça pour dire que présentement on est en territoire inconnu parce qu'on va tester les capacités de l'Oncle Sam à emprunter de façon très agressive et de continuer. Donc c'est là où les marchés obligataires et la pentification qu'on voit présentement, il y a probablement des choses comme ça qui commencent à agacer.

Oui mais en même temps les marchés demeurent encore positif pour les années à venir. On l'a dit tantôt, mais quand on le regarde en chiffre, c'est assez important.

Oui, puis en fait la pentification des taux c'est correct. Puis bon il y a de la pentifications de content, mais c'est comme en même temps au niveau des anticipations de bénéfices par action des entreprises, les investisseurs en fait dans l'ensemble s'attendent à ce que les bénéfices soient positifs dans toutes les régions du monde. Ce que j'essaie de te dire Denis, c'est que le positionnement au niveau des attentes de croissance des bénéfices, c'est comme si personne ne perdait dans le nouvel environnement géopolitique.

Dans le Trump 2.0.

Dans le Trump 2.0 ou Washington républicain 2.0, oui.

Si on revient par contre au Canada, encore là, des nouvelles divergentes sur l'inflation par rapport — pas par rapport à l'inflation, mais le taux de chômage par rapport à nos amis Américains.

Oui OK, la bonne nouvelle c'est que l'indice boursier canadien, lui, est un des 3 seuls à avoir atteint un nouveau record. Puis il y a des anticipations que ça risque d'aller mieux un peu au Canada l'année prochaine. Puis je pense Denis, dans ce contexte-là, ça reflète un peu que, oui, la Banque du Canada doit aider l'économie canadienne en 2025, d'autant plus que le taux de chômage s'établit à plus de 5.5% sur les gens de 25 à 54 ans qui sont cruciaux au niveau de la dépense de consommation. Donc c'est beaucoup plus large aux États-Unis. Donc Denis, on s'entend, si une divergence importante au niveau des taux de chômage, il doit donc y avoir une divergence au niveau de la politique monétaire.

Puis en même temps, on voit que les taux de 2 ans des obligations canadiennes sont à des presque records d'écart contre les taux américains 2 ans.

C'est ça Denis, donc pour toi, pour moi encore une fois, c'est des choses qui ont pas été vues en une génération. Ça au moins on les a peut-être déjà vu une fois, donc des écarts de taux d'intérêt importantes entre le Canada et les États-Unis, il y a des attentes qu'il va avoir une persistance entre la divergence des 2 politiques monétaires tant aussi longtemps que le Canada n'aura pas redéployé des politiques plus porteuses. Ce que ça veut dire par contre Denis, dans ce contexte-là, c'est que si les taux d'intérêt sont aussi bas par rapport aux États-Unis, j'ai un dollar canadien qui se déprécie, qui a atteint son plus haut niveau de dépréciation, 1.40$ pour 1.00$ américain depuis 2020. Il y a fort à parier qu'on puisse peut-être se diriger vers 1.45$ dans ce contexte-là.

En fait, si le taux de chômage continue à augmenter puis pas l'inflation, mais l'économie demeure un peu stagnante, la Banque va continuer à baisser ses taux alors que les Américains pourraient les baisser encore beaucoup moins rapidement, ou arrêter totalement. Donc le dollar canadien va encore souffrir.

C'est ça, tant aussi longtemps que je ne corrige pas pour mon déficit budgétaire, si les taux longs restent dictés à la Réserve fédérale, t'as fini de baisser les taux donc c'est à voir, ça va être passionnant mais passionnant peut amener certain son lot de volatilité, par contre soyez prêt à vivre avec ça. Donc la reprise post pandémique elle est inhabituelle, c'est même difficile à situer dans quelle phase du cycle que nous sommes parce que moi je n’ai jamais observé une penification de la courbe de rendement comme on le voit présentement, puis y a pas justement que l'a pas observé, c'est personne qui l'a vu depuis 1988 dans un cycle d'assouplissement monétaire. Le marché boursier américain ce n’est certainement pas une aubaine, donc espérons que la déréglementation puis les baisses d'impôts se concrétisent plus rapidement. À voir, mais l'actuelle pentification des courbes, surveillons les taux longs, il semble que les marchés sont agacés par rapport aux dépenses budgétaires indisciplinées, pas juste aux États-Unis, il y a la Chine, il y a l'Europe à surveiller donc. Pas évident que tout le monde peut gagner dans le nouveau régime de Washington, donc à surveiller. L'intelligence artificielle, ça pourrait être un outil pour nous aider à la productivité, à aider à des baisses de taux. Mais encore faut-il que l'électricité devienne beaucoup plus abondante que là présentement. Parce que là j'ai une contrainte à ce niveau-là, à partir de 2027, 2028, j'ai besoin de beaucoup plus d'électricité, donc à surveiller pour que ce soit des politiques énergétiques qui soient redéfinies. Donc tout ça pour dire Denis, que soyons prudents pour les prochains mois. Je sais, ça fait souvent qu'on dit, mais il y a vraiment des changements structurels importants qui se profilent à l'horizon. Donc on peut vivre avec de la volatilité, mais en autant que vous soyez confortables à vivre avec de plus de volatilité.

C'est le mot de la fin. Merci Stéfane, merci de votre écoute et on se revoit début décembre. À la prochaine.

Perspective immobilière

Nos spécialistes de la Banque Nationale, décodent les dernières tendances du marché immobilier en abordant notamment les taux d'intérêt, le marché de la revente et les prévisions pour les prochains mois.

Bonjour à tous et merci de vous joindre à nous pour votre capsule sur les perspectives immobilières du mercredi 25 septembre 2024. Aujourd'hui, je suis accompagné de Matthieu Arseneau, salut Matthieu.

Salut Simon.

Ainsi que de ma collègue Véronique Corriveau. Bienvenue Véronique. Notre sujet du jour, l'immobilier et la planification successorale. Mais avant d'en parler avec Véronique tantôt, discutons tout d'abord avec Matthieu des récentes données macroéconomiques qui influencent le marché immobilier. Matthieu, alors qu'on a vu la banque du Canada baisser graduellement son taux directeur au cours de l'été en annonçant des baisses successives de 25 points de base. La Réserve fédérale a, je crois, surpris les économistes. En annonçant une baisse de pas moins de 50 points de base lors de sa première annonce en septembre. À quel rythme de baisse peut-on s'attendre du côté de la Banque du Canada maintenant que la Fed embarqué dans la danse?

Simon, c'était effectivement une surprise pour les économistes qui s'attendaient à un 25 points de base, en commençant donc ce que la Banque du Canada a fait là à 3 reprises depuis juin. Donc on se retrouve vraiment à avec les 2 banques centrales qui ont emboîté le pas, qui baissent les taux d'intérêt. Mais comme on peut le voir sur le graphique, des taux d'intérêt qui demeurent élevés là sur une base historique, mais clairement la direction est vers des taux plus bas. On voit des signes de faiblesse au niveau du— on commence à voir au niveau du marché du travail américain, au Canada c'est encore plus clair, on en parlera un peu plus tard, mais clairement ça ouvre la porte à donner de la marge de manœuvre à la Banque du Canada et étant donné que si la Réserve fédérale va dans cette direction-là en termes de baisse de taux d'intérêt, ça a moins d'impact sur le dollar canadien. Donc ça donne une marge de manœuvre à la Banque du Canada de pouvoir aller de l'avant avec d'autres baisses de taux d'intérêt et peut-être même des baisses de taux plus prononcé ce que moi j'espère. Euh. On a eu des grandes nouvelles et une grosse étape qui a été franchie avec les données de l'inflation du mois d'août. On voit que sur le graphique la barre bleue en fait l'inflation totale. Enfin 2% d'inflation annuelle, ce que ce qui est le point médian de la cible de la Banque du Canada. Donc clairement l'inflation est maîtrisée au Canada à nos yeux. Puis en plus on en a parlé lors des précédentes capsules, mais évidemment quand on exclut les coûts d'intérêt hypothécaires, dont la hausse, la responsabilité c'est la Banque centrale qui l'a causé. Si on exclut cette composante là en fait on est seulement à 1.2% d'inflation année sur année, c'est très faible sur une base historique. Donc pour nous c'est évident même que la Banque du Canada doit peut-être même accélérer le pas, peut-être y aller avec des 50 points de base pour ramener les taux à neutralité, ce qu'on appelle les économistes, être autour de 2.5%, 3% peut-être le plus rapidement possible dans un contexte où, oui, l'inflation est maîtrisée.

Mais Matthieu corrige, moi tu sais, la maîtrise de l'inflation ça ne s’est pas fait sans coût économique hein. Comme on peut voir le taux de chômage qui est en croissance. Comment évalues-tu la santé économique du marché du travail présentement?

Mais quand on regarde là, depuis qu'on s'est parlé, les tendances qui avaient commencé d'une augmentation du taux de chômage se sont poursuivis au courant de l'été. Donc le taux de chômage qui a continué de monter et frappe disproportionnellement les individus qui tentent d'entrer sur le marché du travail pour une première fois, dont les jeunes, les nouveaux arrivants et on le voit, la hausse pour ce qui est de ces 2 segments de population là est très, très prononcé. En fait, c'est la même amplitude, essentiellement la même amplitude qu'on a connu lors de la crise financière de 2008, 2009 en termes d'augmentation du taux de chômage pour ces segments-là. Donc oui, il y a des licenciements un peu, mais c'est vraiment plus les cohortes qui tentent d'entrer sur le marché du travail qui entraînent cette hausse du taux de chômage. Et ce qui est préoccupant dans le contexte actuel, c'est quand on regarde les taux d'emplois vacants, donc les affichages de poste des entreprises. Dans les secteurs qui absorbent habituellement les immigrants ou qui absorbent les plus jeunes, le taux d'emploi vacant a drastiquement baissé et est même à son plus bas niveau depuis pratiquement 2016, 2017. Là donc, dans un contexte comme celui-là, on a des craintes que les taux d'intérêt sont en trop restrictifs que le taux de chômage pourrait continuer de monter au cours des prochains mois. Juste pour vous donner une idée, sur une base historique. On le sait, les taux sont à 4. 25%, le taux de chômage est à 6.6%. Si on exclut la pandémie, la dernière fois que les taux étaient à 6.6%, à l'époque les taux d'intérêt étaient à 0.5%. Je ne dis pas qu'il faut aller là rapidement. Il y a des enjeux, on veut s'assurer que l'inflation reste maîtrisée, mais quand même ramener les taux à 2.5%, 3% c'est pour nous une priorité qui devrait— une orientation que devrait prendre la Banque du Canada pour pas qu'il y ait des dommages trop grands sur le marché du travail.

Je comprends bien. Comment comment tu perçois Matthieu, les dernières annonces du gouvernement, là qui concerne le relèvement du plafond des hypothèques assurées de 1 $M à 1.5 $M ainsi que la possibilité offerte aux premiers acheteurs d'amortir leurs prêts 30 ans versus 25 ans avant. As-tu l'impression que c'est une bonne solution pour remédier au problème d'abordabilité.

On sait là, l'abordabilité, on en a parlé dans les capsules précédentes. C'est le gros défi, l'enjeu principal du marché de l'immobilier et un gros défi pour les prochaines années. Pour ce qui de la première mesure, faut savoir, je pense avoir un effet limité, il n’y a pas beaucoup de transactions tout près du 1 $M donc de le relever de 1 $M à 1.5 $M n’aura pas des impacts si importants que ça sur le marché. Par contre l'augmentation de l'amortissement de 25 à 30 ans, là ça peut changer la donne. On a fait quelques petits calculs qu'on vous montre, là on le montre par province, vous pourrez consulter les données mais juste globalement on parle d'une augmentation en fait d'une baisse— pour un même montant pour une même maison. En fait le paiement hypothécaire peut baisser de d'environ 9% en allongeant la période d'amortissement pour le même paiement dans le fond on peut s'acheter une maison 10% plus cher en augmentant l'amortissement. Donc ça donne une idée de l'impact, c'est quand même c'est quand même significatif. Donc on verra quelle sera la popularité de ces mesures-là. Mais clairement pour ce qui est de l'abordabilité, il y a des questionnements à voir. D'augmenter de payer la maison plus longtemps pendant une plus longue période, est-ce que c'est vraiment plus abordable? Et si ça devient populaire, cette mesure, cette option là, mais peut-être que les prix de l'immobilier vont s'ajuster, puis dans le fond vont contrebalancer l'intention initiale, ce qui ne réglerait pas le problème à long terme d'abordabilité.

Rien n'est simple Matthieu. Merci beaucoup pour tes commentaires toujours aussi pertinents. Aujourd'hui, on vous l'avait annoncé, on va se pencher sur le sujet, souvent négligé mais essentiel, l'immobilier et la planification successorale. Beaucoup d'entre nous souvent remettent ça plus tard ces décisions là parce qu'ils pensent que bon soit, c'est trop complexe, c'est inutile. Notre invitée d'aujourd'hui Véronique.

Salut, merci d'être là Véronique.

Merci de me recevoir.

Une notaire de la grande expérience dois-je dire? Elle a pour nous éclairer sur les éléments de base et nous aider à faire les premiers pas vers une planification réfléchie et surtout comprendre le processus qui peut effectivement sembler intimidant. Donc, Véronique, pour débuter, pourrais-tu nous expliquer pourquoi il est si important d'avoir un testament, surtout quand il s'agit de biens immobiliers?

En soi ce qui est important d'avoir un testament c'est de pas laisser nos volontés au hasard. En tout premier lieu, si je donne comme exemple, je suis conjoint de fait avec quelqu'un, puis je n’ai pas fait de testament, mais j'ai un immeuble avec ce conjoint-là, puis je décède sans testament. Mais ce n’est pas nécessairement mon conjoint qui va être avantagé donc il peut se retrouver copropriétaire d'un immeuble avec mes héritiers légaux. Ce n’est pas tout le temps ça qu'on souhaite. Puis dans le fond, d'avoir un testament, ce que ça permet, c'est de choisir soi-même qui va hériter de nos biens, puis aussi de choisir la personne qui va s'occuper de nos biens, qui va être le liquidateur, qui va administrer la succession pour s'assurer que tout se passe dans les règles de l'art.

Donc, comme tu le mentionnes Véronique, l'un des aspects clés de la planification successorale, c'est vraiment le transfert de la propriété après le décès d'une personne. Pourrais-tu nous expliquer à haut niveau le processus de transfert de propriété immobilière d'une personne décédée vers justement ses héritiers.

Mais dans le fond, qu'on hérite de notre immeuble par legs particulier ou par legs résiduaire c'est sûr qu'il faut qu'il y ait une transmission qui se fasse. Puis c'est le liquidateur de la succession qui va être en charge de ça. Dans notre jargon juridique, nous on appelle ça la « déclaration de transmission ». Donc c'est un acte qui va faire la passation des titres de la succession aux héritiers, puis c'est ça qui va officialiser le tout. Souvent, c'est un mythe qu'on a à déconstruire un petit peu au niveau du transfert d'immeuble, que ça se fait directement par le testament, mais non, faut vraiment faire un axe supplémentaire pour officialiser ce transfert de propriété-là.

Intéressant. En fait, c'est quoi les considérations spécifiques que les héritiers doivent être conscients quand ils héritent d'un bien immobilier? Il y a-t-il par exemple des défis ou des pièges à éviter?

Il y en a plusieurs. Je peux donner quelques exemples. Si on parle de d'hériter d'un bien en copropriété souvent on va se poser la question, ces gens-là qui vont hériter de cet immeuble-là, comment qu'ils vont administrer l'immeuble? Comment qu'ils vont s'entendre? Ça peut amener des fois des dynamiques familiales un petit peu délicates, je dirais. Ou sinon si on pense à un legs d'un immeuble à un enfant mineur, s'il y a des mécanismes de protection ou non qui ont été mis pour cet enfant là ça peut complexifier l'administration des biens du mineur. Puis un aspect qu’il ne faut vraiment pas négliger, c'est l'aspect fiscal. Hériter d'un immeuble des fois peut nous donner une situation de manque de liquidités. Ce qui fait en sorte que on a de la difficulté à payer notre impôt par la suite ou les taxes qui découlent de ce transfert d'immeuble-là, donc ce n’est pas à négliger.

Ce n’est pas si simple. Merci beaucoup à Véronique d'avoir partagé ton expertise avec nous aujourd'hui. Comme on peut le voir, la planification successorale, en particulier lorsqu'elle implique des biens immobiliers, ça peut sembler complexe, puis c'est complexe en fait, mais comme tu le dis aujourd'hui, faut prendre le temps de planifier à l'avance je pense. C'est ça la recette du succès. Puis ça va enlever de la pression sur les personnes justement qui nous, qui nous sont chères. On espère aujourd'hui tout le monde que la conversation a contribué à clarifier un peu le processus de planification successorale, le transfert de de propriété. Comme je le disais, bien que ça peut sembler des fois intimidant, ces étapes peuvent apporter une importante tranquillité d'esprit quand ils sont bien planifiés. Donc je vous encourage grandement à en discuter avec vos conseillers et conseillères. Donc j'espère que les informations partagées par ma collègue Véronique et Matthieu tantôt, merci encore, vous ont été utiles. Et quant à moi je vous remercie d'avoir été là et je vous enjoins de nous rejoindre dans quelques semaines pour une prochaine capsule sur les perspectives immobilières. Merci beaucoup.

5 • 4 • 3 Perspectives de marché

5 minutes, 4 graphiques, 3 points clés à retenir… Découvrez « 5 • 4 • 3 », un nouveau regard trimestriel ciblé sur les marchés, l’économie et l’investissement avec notre expert Louis Lajoie, du Bureau du chef des placements de la Banque Nationale Investissements.

Bonjour tout le monde. Aujourd'hui, 10 septembre, on va prendre le temps de regarder les dernières évolutions des marchés, de l'économie, et ce que tout ça implique probablement pour la suite des choses. Alors sans plus tarder, si on regarde du côté des marchés boursiers, on a eu droit, on se rappelle, à un premier trimestre de véritable montée en flèche, suivi d'un 2e trimestre où là les marchés étaient un peu plus hésitants. Et finalement, jusqu'à présent, le 3e trimestre s'est avéré nettement plus volatil, bien que les marchés boursiers demeurent largement positifs jusqu'à présent en 2024. Par contre, si on regarde du côté des titres à revenu fixe, on constate un certain rattrapage des marchés obligataires, qui ont même maintenant surpassé ce que les liquidités avaient livré jusqu'à présent en 2024. Donc, comme vous pouvez le voir, la course se resserre entre catégories d'actifs jusqu'à présent, en 2024.

Et l'élément déclencheur derrière tout ça, c'est une chose dont on a parlé à plusieurs reprises dans le passé : une détérioration ou un ralentissement plus important au niveau du marché de l'emploi aux États-Unis, avec une hausse du taux de chômage plus élevée que prévu. Rien de dramatique. Encore une fois, vous le voyez, on est à peine au-dessus des 4 % sur le taux de chômage. Mais ce qui inquiète, c'est qu’historiquement, lorsque le taux de chômage commence à augmenter, la tendance tend à se poursuivre, surtout lorsqu'on passe un certain seuil, seuil qu'on a surpassé au courant des mois d'été, qu'on appelle la règle de Sahm, qui est en fait un indicateur de récession qui ne s’est jamais trompé depuis 1950.

Maintenant, soyons clairs ici : l'économie américaine n'est pas en récession. Elle est encore trop forte pour être catégorisée ainsi. Mais ce qui est clair aussi, c'est que le signal avertisseur a été entendu au niveau de la Réserve fédérale américaine. Effectivement, on a vu par défaut les marchés réviser leurs attentes de taux d'intérêt à la baisse. Et très certainement, on verra donc une première baisse de taux de la part de la Réserve fédérale ce mois-ci, donc en septembre. Sachant que la Fed s'apprête à commencer à baisser les taux, la question qui suit, c'est : « Où va-t-elle s'arrêter ? » Et pour l'instant, les marchés se disent probablement quelque part dans une zone jugée neutre, ce qui est tout à fait logique, raisonnable dans le contexte actuel. Mais gardons à l'esprit que si on faisait juste prendre la réponse moyenne de la Réserve fédérale à une hausse de taux de chômage comme on vient de le vivre, on parlerait plutôt d'un taux qui pourrait aller autour des 2 %, essentiellement là où on était tout juste avant la pandémie. Encore une fois, je vais être clair : ce n’est pas le scénario de base, on n'est pas là. Mais le message en ce moment, c'est qu'il faut probablement s'attendre à certaines surprises encore au niveau des taux d'intérêt, ce n'est pas du tout impossible.

Maintenant, si on fait le même exercice avec la Bourse, comment elle a réagi historiquement autour de hausses du taux de chômage comme on vient de le vivre? Mais ce qu'on voit, c'est que, en moyenne, les marchés étaient souvent déjà à la baisse, seulement que le chômage augmente. Une baisse qui se poursuivait encore dans les mois suivants, pour ultimement tout de même finir avec des gains sur un horizon de 12 mois. Et ce n'est pas exactement la trajectoire qu'on voit sur les marchés en ce moment, Je le disais, la tendance est toutes fins pratiques à la hausse au niveau de la Bourse. Et ce n'est pas complètement surprenant, non plus, qu'on ne suive pas exactement cette trajectoire-là, sachant que derrière la moyenne se cache, en fait, toute une étendue de trajectoire historique, avec, par exemple, à la fois un gain et une perte de 40 % à un certain moment, ce qui fait en sorte que tant les optimistes que les pessimistes peuvent probablement conclure ce qu'ils désirent. Mais dans notre esprit, ça traduit un environnement boursier qui est probablement effectivement plus fragile à court terme, ce qui ne veut pas nécessairement dire des pertes à moyen terme. De là l'importance, pour les investisseurs, de garder le cap devant les fluctuations inévitables qui sont probablement effectivement devant nous.

Alors si je conclus avec trois points clés à retenir. Je le disais, dans l'ensemble, les marchés sont toujours assez positifs. Le portrait est plutôt vers de plus en plus pour les obligations, qui ont repris un peu de terrain en surpassant même les liquidités face à une hausse du taux de chômage aux États-Unis, qui vient confirmer que maintenant est le temps, au niveau de la Fed, de baisser les taux d'intérêt. Et pour les investisseurs ça implique probablement une fin d'année un peu plus volatile. Mais la bonne nouvelle là-dedans, c'est qu'avec l'inflation qui prend le second rôle – vous voyez, je n’ai pas parlé d'inflation aujourd'hui, je pense que c'est une première –, pour les obligations, ça veut dire qu'on peut davantage compter sur elles pour jouer leur rôle de diversificateur si, effectivement, l'économie était vouée à ralentir davantage.

C'est ce qui conclut pour aujourd'hui. Merci d'avoir été à l'écoute. On se reparle en décembre.

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